Le Vase des Arts
Beethoven visionnaire

Publié
il y a 3 ansle
par
Denis MAHAFFEYL'art de la sonate
Sonates pour violoncelle et piano n°s 4 et 5, Cité de la musique et de la danse.
Le grand projet des intégrales de Beethoven, lancé en 2018 par le Festival de Laon avec la « Cité » de Soissons et interrompu sans ménagement par la pandémie, reprend et prend fin au cours de la saison en cours. Après avoir joué à Laon les trois premières sonates pour violoncelle et piano, œuvres du jeune Beethoven, le violoncelliste Henri Demarquette, bien connu du public soissonnais, et le pianiste Michaël Levinas ont complété la série à Soissons avec les deux autres, écrites dans la dernière période de sa vie.
Mais le programme a commencé par une transcription de Czerny pour violoncelle de la sonate Kreutzer pour violon et piano, offrant un nouvel angle d’écoute d’une œuvre familière, notamment dans son premier mouvement, une course interrompue par des paliers plus lents où la musique se demande peut-être pourquoi elle court…
La 4e sonate commence doucement, lentement sur le violoncelle, rejoint par le piano. Une aventure, où rien ne sera prévisible ni attendu, commence.
Les deux dernières sonates font entrer l’auditeur dans la période visionnaire de Beethoven, là où il malmène les formes héritées du passé, et où les structures sont mises constamment au service de ce qui devient une sorte de « flux de conscience » musical, équivalent de la technique littéraire de James Joyce, de Virginia Woolf : un attachement à chaque idée, chaque impulsion, chaque image qui surgit, sans chercher à les mettre dans un cadre strict. Une fois la musique s’arrête même, et les deux instruments échangent de brefs propos appuyés, entre défis et moqueries. Dans tous les échanges, le piano garde son autonomie, n’est jamais qu’un accompagnement.
Le programme est terminé, le public salue les artistes. Comment rejouer après le vaste mouvement lent du 5e sonate et sa fugue parfaitement belle, parfaitement intelligente ? Henri Demarquette a parlé au public du bis qu’ils avaient choisi avec son partenaire, y voyant l’influence de Beethoven sur l’inspiration moderne. Ils ont joué un extrait du Quatuor pour la fin du temps de Messiaen, d’une grande lenteur, d’un grand recueillement, la vision de Beethoven non pas héritée mais partagée dans un autre monde, avec d’autres harmonies plus dissonantes.
Le concert s’est terminé sur une image inattendue. Un bis déclenche habituellement des applaudissements supplémentaires, mais cette fois la musique a été suivie d’un long silence, alors qu’Henri Demarquette baissait la tête derrière son instrument, comme s’il voulait cacher une émotion trop forte. Ensuite, des applaudissements, un grand bouquet pour chaque musicien, puis la cérémonie incongrue de la sortie du public en file indienne, rang par rang, pour rappeler que même la musique de Beethoven reste sujette aux contraintes sanitaires du jour.
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La Ferté-Milon
Maya Minoustchine, la Russe apatride de Violaine

Publié
il y a 2 semainesle
12 septembre 2023par
Denis MAHAFFEYL'art de traduire le russe
Le contexte de l’écriture de ce portrait, publié dans l’édition Villers-Cotterêts/La-Ferté-Milon du Vase Communicant, est révélé à la suite de l’article.
C’est dans une petite maison de pays à côté du lavoir de Violaine, hameau de Louâtre, que la traductrice de russe Maya Minoustchine s’est mesurée à la littérature russe moderne. Elle a traduit Isaac Babel, Nicolas Erdman, Bulgakov, et Contre tout Espoir, les mémoires volumineuses de Nadejda Mandelstam, veuve du poète tué par Staline.
Maya est née à Gênes en 1927, enfant unique de Marc Minoustchine et d’Olga Protosova, employés au consulat soviétique de la ville. Ses parents ont été rappelés à Moscou. Les années ‘30 étaient l’époque des grandes purges, et ceux qui rentraient de l’étranger, devenus suspects, risquaient une balle dans la nuque. Un oncle de Maya déjà à Paris a encouragé la famille à s’y installer. Maya y est restée apatride, sans nationalité jusqu’à sa majorité quand elle est devenue française.
Son père était originaire de la ville biélorusse de Vitebsk. « Le dimanche après-midi, il m’amenait voir un ami artiste né dans la même ville. C’était Chagall. » Pendant les derniers mois de sa vie dans une maison de retraite sur les hauts de Saint-Cloud, elle a admis un ressentiment tenace envers le peintre : « Son chat avait eu des petits, et il m’en a promis un. Je ne l’ai jamais eu. » Peu lui importait, enfant, le renom de l’artiste : elle voulait son chaton – et a gardé l’amour des chats, dont les paniers l’accompagnaient jusqu’à Violaine et, elle a admis, allait même nourrir les chats errants de son quartier.

Au Centre de Santé d’Etudiants à Chamrousse aux années ’50. Maya au 3e rang, avec des lunettes.
Le père de Maya était juif. Pendant l’Occupation, il a été arrêté par les Allemands et enfermé au camp de Royallieu à Compiègne. Maya et sa mère ont fait et refait le trajet, pour lui parler à travers la clôture du camp. Un jour, il n’était plus là. C’est presque quarante ans plus tard que, dans le Mémorial établi par Serge Klarsfeld, elle a pu dire « Mon père a été dans le dernier train de déportés à quitter Compiègne. »
C’est après sa propre mort en 2015 qu’une recherche a révélé que, loin d’avoir failli échapper à la déportation à un train près, Marc Minoustchine est mort le 19 septembre 1942 à Auschwitz. Le fils de Maya porte son prénom.
Elle vivait avec sa mère en banlieue parisienne, mais elles ont pu échanger leur appartement contre un logement plus petit de la rue des Chantiers au 5e arrondissement, un quartier modeste à l’époque. Elle a donc vécu au milieu des facultés, librairies et étudiants du Quartier Latin. Ancienne Communiste, elle a raconté son exaltation en ’68 à entendre de ses fenêtres la foule chantier « L’Internationale ».
Elle est entrée à l’Ecole Normale de Musique où elle a été élève de piano de Nadia Boulanger. Avec une licence d’enseignement, elle donnait des cours particuliers. Elle a travaillé dans une NGO internationale s’occupant de la santé animale. Mais son activité principale a été la traduction. Elle savait épouser l’esprit de chaque auteur, et était sollicité par les maisons d’édition.
Après son divorce, privée de la maison de Violaine, elle a trouvé une pension à Ciry-Salsogne où elle s’installait l’été avec chats et machine à écrire.

Maya Minoustchine, photo prise par son mari Gilbert Menant
Maya Minoustchine n’est jamais allée en Russie, mais sa vie a porté l’empreinte de l’histoire russe. Exil, enfance apatride, disparition violente de son père à l’adolescence, comme l’amour de la littérature et de la musique.
« Così è la vita ! » disait sa nounou italienne à Gênes et, arrivée à la vieillesse, elle le répétait encore. « Ainsi va la vie. » Dès l’enfance, elle a conclu que la vie est plus une épreuve à supporter qu’un jaillissement de joie de vivre. Elle avait le goût slave des idées sombres, sans qu’il s’accompagnât des épanchements d’âme tout aussi slaves de la société russe. C’était une intellectuelle. Mais elle avait le culte de l’amitié, même si les amis devaient accepter ses humeurs râleuses. A la fin de chaque visite elle disait « Tu ne m’oublieras pas ? »
Maya avait un passeport français, mais elle est restée apatride de la Russie. Au moins jusqu’à sa mort, quand elle a été enterrée auprès de sa mère au cimetière russe orthodoxe de Ste-Géneviève-des-Bois près de Paris. Pour la trouver, explique son fils Marc, « Il faut prendre l’allée 8 jusqu’à la tombe de Nouréev, » (recouvert d’une tapisserie extravagante en mosaïque multicolore) « tourner à gauche, et elle est six places plus loin. »
La maison de Violaine reste inhabitée, même s’il est tentant d’entendre, dans le silence, le claquement d’une machine à écrire.
DM ajoute : Le choix de ce portrait pour le Vase Communicant s’explique par l’intérêt du sujet ; mais il y a aussi un aspect personnel. Maya Minoustchine et moi avons été amis à partir des années 60, peu de temps après mon arrivée à Paris, et jusqu’à sa mort.
Elle était sévère dans ses jugements, des autres comme d’elle-même. Peut-être parce que je n’étais pas français, ses critères ont été appliqués moins rigoureusement. Elle avait une grande disponibilité, sa porte m’était toujours ouverte. Quand j’ai voulu apprendre le chant, elle m’accompagnait au piano.
Elle pouvait être crédule, comme si son histoire cahoteuse faussait son jugement. Elle a tellement aimé le livre La vie devant soi d’Emile Ajar, prix Goncourt 1975, qu’elle a contacté et entretenu une correspondance intense avec l’auteur. Elle ne m’a jamais parlé de sa réaction en apprenant que son correspondant était en réalité le petit-neveu de Romain Gary, vrai auteur du livre.
A la fin de sa vie, dans une maison de retraite qui, correspondant à ses moyens, manquait singulièrement de confort, je baissais le volume de Radio Classique, qu’elle écoutait à longueur de journée, et elle me racontait sa vie, Gênes et de sa nounou, Chagall et le détail des circonstances de la disparition de son père. Je remettais la radio en partant.
Je n’ai pas assisté à ses obsèques, étant en voyage. Je me suis donc rendu plus tard sur sa tombe. Le train pour Paris, le RER jusqu’à Sainte-Geneviève-des-Bois, un bus qui zigzaguait dans cette banlieue avant de s’arrêter au cimetière russe. Derrière l’église orthodoxe ornementée c’est un monde à part, où la communauté russe a enterré ses souvenirs d’exil. Le carré des Cosaques, un saupoudrage de titres de prince, princesse, duc, général sur les pierres tombales en caractères cyrilliques à déchiffrer. Une tristesse qui dépasse celle d’un cimetière de village, traduisant la perte, non pas seulement d’individus, mais d’une civilisation.
Une croix russe de bois se dressait au dessus de l’emplacement, un signe qu’elle aurait renié pour elle-même, mais qui marque cette tombe où repose déjà sa mère. J’ai esquissé le signe orthodoxe de la croix, conscient que sa dépouille athée et sardonique devait faire une moue d’énervement sous mes pieds.
Dans les années ’80 Maya avait eu connaissance, par une amie avocate et russe comme elle, d’une petite maison délabrée à vendre dans la vallée de la Crise. Elle me l’a fait voir. Je l’ai achetée, pour le jardin. Un an plus tard j’ai quitté Paris et m’y suis installé avec femme et enfants, et nous y avons fait notre vie. Grâce à Maya.
Un dernier détail : quand j’allais la voir au Quartier Latin, ses avis sévères sur les gens me heurtaient parfois, et je m’énervais. C’est alors qu’elle disait, quand je prenais la porte, « Tu ne m’oublieras pas ? » C’est fait.
Ailleurs
Le Finistère se donne en spectacles

Publié
il y a 1 moisle
15 août 2023par
Denis MAHAFFEYL'art de l'été breton

Un récit de voyage culturel en Bretagne qui ne s’impose pas la concision habituelle aux chroniques du Vase des Arts. Il est divisé en trois épisodes, pour ceux qui préfèrent ne pas trâiner trop longuement devant leur écran.
Le Finistère, là où l’Europe prend fin sur les plages, rochers, baies et promontoires de la Bretagne, est semé de petites églises, village par village, sans parler de chapelles isolées vouées à tel saint. Bâties de granit, elles constituent chacune une anthologie de détails architecturaux, flèches, frontons et piliers hérités de temples grecs, tourelles dont des marins auraient pu rapporter les formes de pays lointains.
A l’intérieur l’espace nécessairement réduit est partagé par la nef, les bas-côtés, le chœur, l’abside, les chapelles particulières, parfois une salle du « trésor » où les objets liturgiques sont exposés, le tout dans une pénombre apaisante.
On a appelé ces églises « les boudoirs de Dieu », où on imagine le Tout-Puissant, las de vastes cathédrales, basiliques et églises surdimensionnées, Se refugiant pour être reçu en petit comité.
Même les cathédrales sont compactes. Celle de Tréguier, derrière sa petite place, a du mal à contenir l’assemblage de volumes nécessaires à ses fonctions épiscopales.
Presque toutes les églises du pays témoignent encore d’une vie paroissiale. Par ailleurs, dans une région où les touristes cherchent moins des plages à rangées de transats, ou des rues bordées de bout en bout de bars et boîtes, que des sorties culturelles, ces églises, à côté de leur rôle religieux, accueillent des spectacles, avec une prépondérance de musique classique ou bretonne traditionnelle. Le rock se niche ailleurs, dans les festivals par exemple.
Mais il y a d’autres formes de spectacle. Parfois l’extérieur d’une église sert de toile de fond. C’est sur la place devant Saint-Pierre de Plougasnou que des vacanciers, les enfants aux premiers rangs, attendaient Street coffee, un spectacle du clown italien Claudio Mutazzi.

Claudio le clown avec son adjointe du jour
Il arrive, tirant derrière lui un petit chariot, qui lui servira de boîte content ses équipements et un amplificateur pour de soudaines illustrations musicales.
Il suit un scénario, les fragments reliés par un clap en bois, comme pour des prises de vue ; mais à chaque instant Claudio adhère aux principes classiques en s’adaptant à ce qui se passe autour de lui. Voyant un passant qui n’assiste pas au spectacle, il le suit comme une ombre malicieuse. En singeant sa démarche, ses gestes, il les rend comiques. S’en apercevant, le passant, de bonne humeur, devient spectateur.
Claudio interpelle ses spectateurs, les faisant participer, parfois malgré eux mais de bon cœur (surtout les enfants). En vrai clown il reproduit, grossit, prolonge, élargit les comportements, créant une marge entre la réalité de la personne et le clownesque. Ce qui semblait ordinaire, banal, quotidien vire au bouffon. Il établit une complicité avec les enfants qu’il choisit pour l’aider, les ragaillardissant pour qu’ils se prêtent avec enthousiasme au jeu.
Le bouquet final de Street coffee est un mariage, mis en scène avec la participation de quatre spectateurs. Claudio dirige tout, même les gestes de séduction échangés. Est-ce à dessein ou par confusion que l’union du couple heureux se trouve être entre les deux hommes, les femmes étant réduites au rôle de demoiselles d’honneur ?
°o0o°
Le lendemain soir, pour changer, l’ensemble Capriol & Cie venu de Lannion a donné un récital de musique de la Renaissance à Primel-Trégastel, près de Plougasnou, dans la chapelle Notre-Dame-de-Lourdes. Bâtie en pierre du pays en 1927 mais avec une flèche en béton, la façade un peu comme une fusée sur sa rampe de lancement, c’est une singularité à côté des églises médiévales. Depuis sa restauration en 2010, une association y organise des événements, dont plusieurs concerts de Capriol.
Les cinq membres de ce groupe, spécialistes du répertoire Renaissance, sont Isabelle Diverchy, soprano et épinette, Ingrid Blasco, vielles à roue, Nathalie Le Gaouyat, viole de gambe et vielle, Martine Meunier, contralto, et Mathias Mantello, percussions. Ils ont choisi un programme avec une vingtaine de compositions, intitulé Va voir si la rose. A part six danses instrumentales, toutes les autres mettent en musique des poèmes de Ronsard car, après avoir été poète de renom de son vivant, Ronsard a eu une seconde carrière posthume en tant que parolier. C’est un face à face entre l’inspiration du poète de la sensibilité, du lyrisme et des amours, et la grande diversité des accompagnements, avec des compositeurs célèbres comme Clément Janequin et Josquin des Prés, ou moins connus, Pierre Claireau ou Guillaume Boni. Seule apparition d’un autre poète : Mille regrets de Clément Marot.

Mathias Mantello le percussionniste de Capriol
Dans la musique de la Renaissance, instruments et voix s’interpellent, s’intercalent, s’interrogent, comme des fils de couleur d’une tapisserie, émergeant, disparaissant, créant une image en avançant. Une musique distante de nous, qui nous atteint encore.
Isabelle Diverchy est aussi le porte-parole de Capriol, présentant et accompagnant le programme avec de précieux commentaires sur les œuvres, les compositeurs, et parfois les instruments et le déroulement de la soirée, une autre façon d’ancrer la musique dans la réalité de son exécution. « C’est merveilleux, ce qu’on peut faire avec des bouts de bois. »
Le récital ne s’est pas déroulé sans incident. Ingrid Blasco a dû expliquer les arrêts fréquents pour accorder sa vielle à roue. « C’est trop humide ici pour les cordes. » La vielle y serait particulièrement sensible. Au milieu d’une musique détachée de tout matérialisme, la réalité matérielle.
Les chansons de la Renaissance peuvent paraître loin des préoccupations modernes. Mais J’espère et crains de Ronsard, mis en musique par Pierre Certon et interprété par Capriol, met chaque auditeur devant ses propres contradictions intimes.
J’espère et crains, je me tais et supplie,
Or je suis glace, et ores un feu chaud,
J’admire tout, et de rien ne me chaut,
Je me délace, et puis je me relie.
°o0o°
La veille du départ du Finistère, passage par Saint-Jean-du Doigt, voisin de Plougasnou, et visite, comme à chaque séjour, de son église, exception frappante aux boudoirs exigus. Quand un natif du village de Traou Meriadec y est revenu avec le bout de l’index de Saint Jean Baptiste, qui l’avait levé pour indiquer le Christ (« Ecce homo ! »), la relique a eu un tel succès pour traiter les maladies des yeux que le village a changé de nom. La Reine Anne de Bretagne est venue et, guérie, a fait des dons permettant l’érection d’une grande église pour accueillir les pèlerins (*). Ses dimensions sont d’autant plus appréciables qu’un incendie en 1955 a détruit presque tout le mobilier, dégageant l’espace entier.
Devant l’autel, dans l’église vide, un homme essaie quelques passages de jazz sur son saxophone, puis une femme chante une toute autre musique, plus ancienne, plus mystérieuse. Entre ces extraits ils se parlent de ce qu’ils préparent.
Abordés, Baptiste Boiron et Marthe Vassalo expliquent qu’ils donneront un concert le lendemain soir, mélangeant du jazz à des chants bretons anciens.
Derrière un clown et la Renaissance, voilà quelques enchaînements de notes qui réunissent la musique contemporaine et une autre musique, venue du granit dont le Finistère est fait, comme un bruit mystérieux et archaïque émergé de ces terres, avant de se fondre, comme elles, dans l’Océan.
(*) Est-ce vrai ? Les Bretons, comme d’autres Celtes, fusionnent volontiers la légende et la réalité historique, et il n’est même pas sûr qu’Anne soit venue pendant sa tournée du royaume de Trégor.
Le Vase des Arts
La Cathédrale symphonique

Publié
il y a 3 moisle
3 juillet 2023par
Denis MAHAFFEYL'art orchestral et choral

Depuis cinq ans ceux qui fréquentent la Cité de la Musique et de la Danse jouissent de l’élégance dépouillée de son auditorium, sa palette de tons crème, beige, ivoire, le confort de ses fauteuils (même pour les longues jambes) et surtout sa fidélité acoustique, chaque son transmis à la perfection).

Le compositeur Alex Nante salue le chef d’orchestre Ben Glassberg après Mystérion.
Le retour à la Cathédrale de Soissons pour le concert de clôture de la Saison par l’Orchestre National de Lille leur aura fait retrouver une autre sonorité plus résonante dans ce vaste espace, et un cadre rendu auguste par la longue histoire des lieux et de ce qui s’y est passé.
Le gros morceau devait être la 4e Symphonie de Mahler, une heure de musique et encore la plus courte de ses symphonies. Mais la découverte de la soirée a été l’œuvre qui a ouvert le concert, Mystérion, une création mondiale sur commande l’ONL d’Alex Nante, compositeur argentin en résidence à Lille, présent à Soissons.
Cette création pour orchestre et chœur a d’ailleurs justifié le déplacement du concert, car avec quatre-vingts instrumentistes et autant de membres du Chœur Régional Hauts-de-France, elle dépassait la capacité du plateau de la Cité.
L’œuvre, qui poursuit l’exploration par le même compositeur de l’apport de la lumière divine dans la vie humaine, utilise des extraits de textes coptes inspirés par le gnosticisme, courant spirituel qui prône une illumination de l’Homme qui lui révélera Dieu.
L’impression est d’une énorme énergie mise au service de ce thème, la combinaison d’orchestre, de chœur et de solistes apportant un souffle parfois assourdissant et ensuite d’une douceur non moins puissante.

Ben Glassberg tire de l’orchestre toutes les nuances qu’il faut.
La 4e de Mahler a déjà été exécutée par l’ONL à Soissons en 2019 sous la direction d’Alexandre Bloch, remplacé cette fois par le phénoménal Ben Glassberg, chef anglais de 30 ans qui tire de l’orchestre toutes les nuances qu’il faut.
L’œuvre est une série d’inattendus, comme si des enfants en jouant changeaient abruptement de visée et d’humeur, passant d’éclats aux interludes de calme, même de réflexion comme dans le 3e mouvement, pour finir dans une vision enfantine et cocasse du Ciel, chantée par la soprano Jodie Devos, dans laquelle les saints s’affairent à préparer un banquet paradisiaque, car « le vin ne coûte rien dans les caves célestes » et « Sainte Marthe doit être la cuisinière ».
Ainsi, le dernier concert d’une saison 2022-23, à dominante musicale mais qui a fait une place à toute la panoplie de spectacles, aura éveillé les réverbérations de la Cathédrale, comme des échos de toutes les soirées qui l’ont précédé.
Un commentaire ? denis.mahaffey@levase.fr
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