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Entre funk et klezmer : Abraham Inc

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L'art de la clarinette +

Fred Wesley et David Krakauer

Quand il ne joue pas, le clarinettiste new-yorkais David Krakauer ressemble à un enseignant qui regarde, doux et souriant, sa classe turbulente. Quand il prend son instrument il les rejoint, devenu turbulent aussi, en imposant magistralement une tonalité klezmer dominante au funk général.

A ses côtés le tromboniste Fred Wesley, planté dans son fauteuil, domine physiquement, et s’impose musicalement, dès qu’il entreprend un solo.

En énergumène survolté de la classe, Socalled (« soi disant » s’est-il baptisé), qui ressemble à Groucho Marx, danse, court, saute, joue (piano, clavier, accordéon…), chante et parle. Au début il pouvait paraître excessif, dérangeant, mais a vite fait ses preuves, imposé son style à facettes multiples.

Derrière ces trois meneurs un sextet étoffe leurs prestations. Voilà Abraham Inc sur la scène de la Cité de la Musique.

Socalled à l’accordéon

Klezmer, funk ? D’une part la musique des juifs ashkénazes de l’Europe centrale, pour exprimer la joie de vivre malgré tout, et l’amour de Dieu – et dont les rythmes justifient largement le terme « effréné ». D’autre part le funk, proche du disco, du soul, du r’n’b et du jazz (voilà, tout essai de le définir pour les néophytes n’amène que des termes aussi obscurs). Pour résumer, une soirée de musique revigorante.

Le mélange est surtout le fait de David Krakauer : « Depuis que j’ai fondé le groupe Klezmer Madness au milieu des années 90, j’explore les possibilités d’ajouter du funk, du jazz, et plus récemment des influences hip-hop, au klezmer. Logiquement, ces explorations m’ont amené à une collaboration avec Socalled, un alter ego dans la recherche de cet endroit enchanté où ces styles peuvent trouver une communauté de transe extatique. »

L’annonce les avait prédits « plus déchaînés que jamais », et il y a une nette montée en puissance au cours de la soirée, puis une explosion musicale. Une partie des spectateurs s’est déchaînée avec eux, debout et criant leur ravissement. D’autres sont restés assis, restant dans le plaisir de la musique moins frénétique du début. Ce qui donne quand même une grande satisfaction générale.

Quand David Krakauer est venu à la Cité pour la première fois en avril 2018 avec l’Orchestre de Picardie, il a joué le Concerto pour clarinette de Mozart, en y ouvrant de nouvelles perspectives et découvrant des beautés inédites. Revenu sur le plateau il avait joué un solo klezmer puis, rejoint par l’orchestre, la célèbre danse Der heyser Bulgar (« Le chaud Bulgare »). La même explosion de joie et de vitalité avait déclenché le même enthousiasme débordant qu’Abraham Inc.

denis.mahaffey@levase.fr

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