Jean-Philippe Collard (à g.) et François-Xavier Roth sous les applaudissements
Une « soirée déguisée » à thème permet aux invités de s’amuser dans un monde exotique sans y être : la cour du Roi Soleil, la Grèce antique, le Far West américain. De la même façon le concert de l’orchestre Les Siècles à la CMD a offert un voyage imaginaire dans « le désert et le moyen-orient », comme le dit le programme, avec des compositeurs français qui n’y avaient jamais été. « Shéhérazade ouverture de féérie » de Ravel, le concerto « L’Egyptien » de Saint‑Saëns, « La Péri » de Dukas (ballet en un acte écrit à l’origine pour les Ballets russes, à ne pas confondre avec « La Péri » de Burgmüller), le ballet « Namouna » de Lalo, et la Bacchanale de « Samson et Dalila » de Saint-Saëns favorisent un registre moins oriental qu’orientaliste, mais l’ambiance est convaincante.
Jean‑Philippe Collard le Champenois reçoit toujours un accueil quasi‑familial à Soissons. Il a joué le concerto de Saint-Saëns, en détachant chaque élément de l’exceptionnelle dentelle de notes. Le pianiste se penche sur le clavier comme s’il voulait entrer à l’intérieur du piano pour écouter et affiner ce qu’il joue.
Les contrebassistes entre eux avant de jouer
François-Xavier Roth, le chef d’orchestre et qui a le sens du spectacle, a su prolonger l’exotisme en reprenant en bis un fragment de l’endiablée « Bacchanale », pour que résonnent encore dans les oreilles les sons de ce faux Orient.
Comme les invités au bal déguisé, vêtus en Japonais ou en animaux, les auditeurs savent qu’ils écoutent une musique qui vient, non pas des contrées concernées, mais de l’imagination européenne qu’elles inspirent. Voyager en restant chez soi a son charme.
denis.mahaffey@levase.fr