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L’Art de la Fugue pour un tricentenaire musical : l’arrivée de Bach à Leipzig

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L'art des fugues

Le premier de cinq concerts autour de l’Art de la Fugue et les Variations Goldberg, pour marquer le tricentenaire de l’installation de Bach à Leipzig en 1723, a eu lieu à la Cité de la Musique de Soissons. Les quatre autres, à Soissons, l’abbaye Saint-Michel et Laon, s’étalent jusqu’en octobre.

Le plateau était rempli de musiciens, instrumentistes et chanteurs, pour un programme complexe et exigeant : l’Orchestre Philharmonique de Radio France et l’ensemble Capella Mediterranea sous leur chef argentin Leonardo Garcia Alarcon, le chœur de Radio France, la jeune soprano suisse Marie Lys, et deux bandeonistes à l’instrument iconique argentin.

Au programme, répartis parmi toutes ces formations et leurs solistes, L’Art de la Fugue de Bach, chaque fugue en alternance avec un choral du Chorbuch du compositeur argentin Mauricio Kagel, reflétant les fugues de Bach mais en les métamorphosant, même jusqu’à faire chanter les choristes une fois à travers des mégaphones apparemment en carton.

Ce programme pouvait paraître hors de la portée de bien des auditeurs qui remplissaient la salle jusqu’au dernier fauteuil. D’ailleurs l’heure de début, 19 au lieu de 20 heures, pouvait faire croire qu’il allait tirer en longueur. Non. Le concert à duré une heure et demi, mais le contrat avec Radio France exigeait le retour des musiciens à Paris pour 22 heures, peut-être pour éviter des heures supplémentaires pendant le trajet en car.

Le programme imprimé détaillait le contenu du concert ; en réalité, il était facile, dans l’obscurité, de perdre pied, devant les interventions successives et déroutantes, la chorégraphie des musiciens changeant de place pour composer différentes formations. Le déroulement a été plein d’inattendus.

Les deux bandéonistes ont eu un triomphe avec leur longue Improvisation.

Perdre pied ? C’est peut-être le secret. Au lieu de suivre, d’analyser, de reconnaître ou d’essayer de comprendre, ce concert invitait le public à se laisser emporter par la somptueuse activité sur le plateau, renverser par les déferlantes successives.

Toutes ces richesses viennent, il faut se rappeler, de la forme d’écriture musicale qu’est la fugue. Par sa complexité et ses règles de composition, elle ferait penser à des mots-croisés, ou même des suduku ; néanmoins, elle peut émouvoir profondément. Il est dit que Bach n’est pas le meilleur modèle à suivre, car il faisait trop d’entorses aux règles imposées pour le modèle de base, la « fugue d’école », se permettait des écarts créatifs. Voilà la raison de l’amour universelle de ses compositions.

La dernière fugue, la 14, est restée incomplète parce que Bach serait mort à ce moment-là. Tout s’est donc arrêté soudain, dans un silence que Leonardo Garcia Alarcon a prolongé, avant de marquer la fin du concert et recevoir les applaudissements.

Il a pris la parole pour avouer que ce concert était pour lui « un rêve et un cauchemar », sans doute un rêve pour la musique, un cauchemar pour la logistique de l’organisation.

Nous avions passé la soirée hors des préoccupations quotidiennes ; il a rappelé l’actualité atroce en proposant, pour terminer, Dona nobis pacem de la Messe en Si mineur de Bach. « Accorde-nous la paix. »

Un commentaire ? denis.mahaffey@levase.fr

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