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Musique : art et métier

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L'art d'apprendre

Le dos tourné ? C'est que Julien Chauvin dirige l'orchestre de sa place de premier violon.

La musique est un art. Etre musicien d’orchestre est un métier.

Pour l’apprendre à des étudiants sélectionnés dans des conservatoires et écoles de musique français, l’Orchestre Français des Jeunes, en résidence en Hauts-de-France, organise chaque année en automne un stage d’une dizaine de jours à la Cité de la Musique de Soissons. A la sortie de cette formation, les stagiaires donnent un concert.

Habitués à des leçons particulières, les stagiaires ont l’occasion de jouer et travailler ensemble, de connaître la vie d’orchestre. Des cours donnés par des professeurs spécialisés se succèdent pendant une semaine, sous la direction de Julien Chauvin, qui a dirigé le concert de clôture.

D’autres aspects de la vie d’un musicien d’orchestre professionnel sont abordés. Cette année, un archetier est venu expliquer sa fonction et aborder la fabrication d’archets. S’insérer dans les milieux professionnels exige des compétences larges.

De 2006 à 2018, la session comprenait un stage de musique Baroque avec des instruments anciens. Depuis 2019 il est remplacé par une formation consacrée à la musique Classique, jouée sur des instruments modernes. Ce choix pose des difficultés, qu’a exprimées une stagiaire de 2019 : « Nous avions appris à jouer d’une certaine façon, avec du vibrato, par exemple, alors que pour Mozart il faut être très délicat. La difficulté vient du fait que nous utilisons nos instruments habituels, et nos archets, pour jouer une musique à laquelle ils ne sont pas adaptés. »

Pour le concert, avec Schubert, Haydn et Mozart au programme, seule la jeunesse des musiciens qui entraient sur le plateau laissait supposer qu’il ne s’agissait pas d’un orchestre professionnel en tournée. Julien Chauvin, qui pratique diverses formes de direction, a pris place, non pas sur un podium mais à la place du premier violon. Il tournait souvent le dos à la salle, faisait parfois des gestes de la main, c’est tout.

Christophe Coin au violoncelle

Au programme : la 5e Symphonie de Schubert, écrite à 19 ans, près de l’âge des musiciens, mais créée seulement après sa mort. Il était vite évident, le long des quatre mouvements, qu’après seulement dix jours les stagiaires connaissaient leur affaire, jusqu’à l’éclat da l’Allegro vivace final.

Le concerto de Haydn pour violoncelle a donné à l’orchestre l’expérience de suivre un soliste, lui accorder la priorité. Christophe Coin, professeur au Conservatoire de Paris, et qui a dirigé lui-même des stages OFJ, n’a pas attendu la fin des mesures d’introduction, mais a joué tout de suite avec les autres violoncellistes de l’orchestre, avant de s’en détacher et prendre le rôle du soliste. Y avait-il un message caché pour ses co-instrumentistes ? C’est comme s’il leur disait : « Vous voyez, je peux être simple cordiste ; chacun de vous peut aussi espérer être un jour soliste devant tous les autres. »

Le concert s’est terminé par la Symphonie 51 de Mozart, confirmant que les stagiaires savaient appris la leçon du stage : s’adapter au style Classique en jouant sur leurs instruments contemporains.

Il ne restait qu’accueillir la réaction du public. Pédagogue, littéralement jusqu’au bout des doigts, Julien Chauvin a levé son index pour guider ses jeunes musiciens en leur apprenant à s’incliner tous en un seul mouvement, en réponse aux applaudissements de la salle.

[Modifié le 28/10/21, pour corriger une maladresse de syntaxe entre deux alinéas]

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