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Piazzolla : avec et sans bandonéon

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L'art de l'émoi musical

Manu Comté et le quatuor Varèse, François Galichet et Julie Gehan Rodriguez, violon, Sylvain Seailles, alto, Thomas Ravez, violoncelle

Fermé, le bandonéon forme un cube noir de la taille d’une boîte à chapeau. Ouvert par les deux mains du musicien, il révèle le soufflet, assemblage de pliures que la musique fait se tortiller comme un dragon de rue chinois.

A première vue petit cousin de l’accordéon, il ne partage avec lui que la méthode de produire les sons. Il est porté sur un genou, car les deux bras tirent et poussent le soufflet, comme pour un concertina, alors que l’accordéon est tenu sur un bras qui reste fixe.

Inventé au 19e siècle en Allemagne, où il pouvait servir d’orgue dans une église, il a émigré en Amérique du Sud où, en s’acoquinant avec les rythmes entêtants et l’indocilité sociale du tango, il est devenu l’instrument national de l’Argentine.

Au 20e siècle le grand bandéoniste Astor Piazzolla, fils d’immigrés italiens, a pris cette forme de composition pour en faire des œuvres richement complexes, mais qui gardent les balancements et tonalités, et surtout les tendances subversives de cette musique populaire.

Manu Comté au bandonéon

Manu Comté au bandonéon et le quatuor à cordes Varèse ont rendu hommage à Piazzolla à la Cité de la Musique. Cette formation réduite, loin d’affaiblir l’impact des ensembles big band habituels, a éclairé le détail des partitions et les nuances de l’inspiration.

Les Tristezas, des tangos, et une œuvre de Tomàs Gubitsch pour faire entendre autrement le bandonéon : un programme panoramique, rendu quelque peu incohérent par des changements d’ordre, annoncés aimablement par Manu Comté, mais sans micro et donc réservées aux auditeurs des premiers rangs.

Manu Comté à laissé le quatuor seul pour certains morceaux. Paradoxalement, cela a produit le moment fort du concert, quand les quatre musiciens ont joué Adios Nonino, écrit par Piazzolla à la mort de son père. Tout risque d’emphase a été écarté, les musiciens ont décortiqué les parties rythmiques et fait de la partie mélodique planante un examen quasi-chirurgique de la douleur, sans aucune emphase. L’absence du bandonéon dépouille l’air de sa familiarité et dégage une autre écoute.

Sans Piazzolla le tango aurait gardé toute sa popularité, son parfum d’érotisme et son titillement des interdits. Il lui a ajouté la noblesse – sans passer par l’embourgeoisement.

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