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Natalie Dessay à la Cité : la première fois, la dernière fois

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L'art de la colorature

Photo Lyodoh Kaneko

C’était sa première fois à la Cité de la musique, Natalie Dessay l’a dit en préambule, et de toute façon nous les habitués aurions été là si elle était déjà venue ; c’était sa dernière fois aussi, car elle était annoncée en « tournée d’adieu », et cela ne se fait pas de revenir sur une telle finalité. Il est rapporté que certaines divas du passé faisaient une valse-hésitation autour de leur cessation d’activité. Mais Natalie Dessay n’est pas une diva : trop d’humour dans ses commentaires, sa voix, sa présence sur scène et son regard.

Nous allions enfin l’entendre en direct, avec sa voix légendaire de soprano colorature, c’est-à-dire maîtrisant de grandes vocalises et dont la voix est la plus haut placée pour une femme, jusqu’au contre-ut (avant de se retirer de la scène lyrique en 2011 elle montait au contre-la, presque trois octaves au dessus du do central).

Après un air de Schubert, première illustration de ses capacités, un dialogue entre sa voix et le piano de Philippe Cassard, qui l’accompagne dans ses récitals depuis 2011, elle a chanté quatre airs des Noces de Figaro, de Barberine, Suzanne, Chérubin et enfin la Comtesse. Après les trois premiers, animés, pleins d’ornements musicaux, le quatrième démontre la simplicité dont Mozart est capable, comme une mélodie inventée par un enfant. Sans aucune vocalise élaborée, il dit la déception devant les infidélités d’un mari. Le ton est mélancolique, nostalgique, et la voix de Natalie Dessay semblait s’intérioriser. A la fin, elle est montée, s’est envolée, s’adoucissant mais sans perdre sa force. Une démonstration, parfaite et émouvante, de la voix de colorature.

Après Mozart, un groupe d’œuvres courtes au sujet des oiseaux, chansons de Chausson, Ravel, Beydts (compositeur d’opérettes et de musique de films), et une pièce de Ravel pour piano solo. Pour les présenter, Natalie Dessay a rappelé, sur un ton ironique, la tendance à comparer les coloratures à des oiseaux, l’alouette, le merle…

La première partie du récital s’est terminé avec un long chant de Poulenc, La Dame de Monte Carlo, sur un texte de Jean Cocteau, révélant la capacité de comédienne de Natalie Dessay, qui a une carrière au théâtre aussi.

Après l’entracte, trois œuvres de Menotti, Barber et André Previn. Samuel Barber, connu surtout par son Adagio pour cordes, a mis en musique un texte de James Agee, romancier et critique américain, Knoxville : Summer of 1915 Natalie Dessay a d’abord dit le texte en français, puis l’a chanté en anglais. Il s’agit de souvenirs d’enfance dans le Tennessee en des termes chaleureux et nostalgiques, en concluant par des mots inquiets et inquiétants sur ceux qui, tout en le traitant comme un être bien aimés, « jamais, ni maintenant ni jamais, mais ne me diront jamais me dire qui je suis ».

Voilà une soirée avec Natalie Dessay.

Un commentaire : elle est entrée sur scène habillée d’une grande robe noire avec de lourdes broderies étincelantes. Etaient-elles d’or ou d’argent, difficile à dire sous les projecteurs ? Voici l’avis d’une spectatrice interrogée à ce sujet : « Je ne saurais dire, mais la robe était très belle et magnifiquement portée. Par contre l’or, c’est sûr, était dans la voix. Elle a résonné encore longtemps dans mes oreilles sur le chemin du retour, un temps suspendu qui fait tellement de bien. »

Un commentaire, une question ? denis.mahaffey@levase.fr

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