Carolyn Shuster et Nicolas Debacq après-concert.
Lorsqu’elle s’est montrée à la tribune des orgues de la cathédrale de Soissons après son premier récital en 2008, Caroline Shuster, l’organiste américaine devenue parisienne en 1981, a réagi aux applaudissements en tendant le bras vers l’orgue. Elle associait « cet instrument merveilleux » à son succès.
Elle a réitéré son admiration à l’occasion d’un deuxième concert, cette fois accompagnée par le trompettiste Nicolas Debacq.
Les concerts d’orgue d’été, même quand les grands portails sont ouverts et qu’il ne pleut pas, restent un plaisir plutôt confidentiel, pour un public d’amateurs et d’habitués – et pour des touristes tout surpris qui déambulent dans les bas côtés.
Cette fois, les sept cents places de la nef étaient presque toutes occupées : les derniers arrivés n’ont pas trouvé le programme, imprimé à seulement cinq cents exemplaires. Vincent Dupont, président des Amis des Orgues de Soissons, reconnaît n’avoir « jamais vu autant de monde à l’un de leurs concerts d’été ».
A part la qualité des deux musiciens, une raison de cette affluence a certainement été les origines soissonnaises de Nicolas Debacq. Parti à Paris il y a six ans, où il est membre de la Garde Républicaine, et accessoirement professeur de trompette au Conservatoire de Courbevoie, il a gardé de nombreux contacts musicaux, amicaux et familiaux ici. Il a suffi de le voir, sa fille dans les bras, sa femme à ses côtés, entouré de monde à la sortie de la cathédrale, pour s’en rendre compte.
Carolyn Shuster et Nicolas Debacq avaient déjà joué en duo, et ont d’autres concerts en vue. La combinaison d’instruments est intrigante : le son de la trompette peut ressembler à un jeu d’orgue, sauf qu’il domine l’ensemble, en sort, comme ne le fait aucun des jeux. La position de l’instrumentiste dans la tribune, devant le public, ajoute à cette domination. Il est soliste, l’organiste l’accompagne richement.
Le programme a fait entendre sept compositeurs, confirmant l’espoir de Carolyn Shuster que chaque auditeur entendrait au moins une pièce qui le touche. La musique de Martini, Viviani, Bach,Telemann, Delalande et Purcell, compositeurs des 17e et 18e siècles, ne conviendrait guère à cet orgue « symphonique », mais Carolyn Shuster insiste qu’on peut tout y jouer, et le prouve ainsi. Seul Duruflé représente le 20e siècle avec ses Prélude et fugue sur le nom de Jehan Alain de 1942.
Deux « tubes » de Bach ont éclairé la cathédrale, dans un arrangement pour orgue et trompette : « Reste avec moi Seigneur » et surtout « Jésus demeure ma joie », souvent joué assez rapidement, mais dont Carolyn Shuster et Nicolas Debacq ont fait un tranquille chant de joie.
denis.mahaffey@levase.fr