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Portrait

Paule Cascalès-Pardon 1948 – 2016

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L'art de l'engagement

Paule Cascalès-Pardon, ancienne présidente de la chorale La Campanella, née en Algérie en 1948, est décédée le 2 décembre à Reims.

En 2005 je m’étais entretenu avec elle pour la chronique que je tenais alors dans le journal l’Union. Voici ce qu’elle a dit des racines de son engagement pour la musique – et surtout pour le chant – il y a onze ans.

Paule Cascalès-Pardon et le piano qui sécha

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Son piano l'a suivie depuis l'Algérie.

Son piano l’a suivie depuis l’Algérie.

Paule Cascalès‑Pardon parle avec un sourire et un ton résolument positif de ses expériences et de ses valeurs. Mais en citant des paroles de Claude Lemesle : « Chanter, avoir mal, avoir peur mais chanter », elle laisse entendre qu’il y a des fractures et des défis dans la vie, à affronter avec courage.

Pourtant, quand elle naît près de Sidi bel Abbès, dans une famille d’origine espagnole, mais établie en Algérie depuis cinq générations, tout laisse supposer la permanence. Elle fait sa première rencontre avec la musique quand une institutrice voisine de palier lui donne des leçons de piano.

Mais en 1962 les accords d’Evian sont signés, l’indépendance arrive, et la famille Cascalès, chacun avec sa valise, se joint à l’exode par mer des Pieds Noirs. Son père, instituteur, trouve un poste à Soissons. Quand leurs meubles arrivent en novembre, le piano, resté des mois sous la pluie, est muet, comme pour protester. « Puis, avec le chauffage central, le piano a commencé à sécher, et le son est revenu. Ca nous a aidés à commencer cette nouvelle vie. » Comment ne pas choisir l’optimisme après un tel renouveau ?

Elle continue ses leçons de piano, au collège et au Conservatoire, et chante à la chorale. « J’ai trouvé une autre professeur aussi formidable que la première – que je vois encore, près de Montpellier. »

Paule devient institutrice à son tour. « J’ai eu la chance d’enseigner en Maternelle, et de pouvoir nourrir la créativité par le dessin, la poésie – et la musique. » Elle fait toute sa carrière à l’école de l’Enfant Jésus, jusqu’à la retraite. Cette continuité est perturbée, cependant, par des ennuis de santé, qu’elle attribue à une « grosse contrariété professionnelle ». Considérant que sa maladie n’a pas valeur d’exemple, « comme un cancer », elle tait les détails.

En 1980, elle devient présidente d’une nouvelle chorale, la Musarelle. Chanter ne se limite pas à travailler la voix : elle y trouve un chemin vers les autres. « Ecouter chanter son voisin, c’est connaître ses humeurs, sa personnalité. » Les liens se tissent, les pupitres se charrient joyeusement, et elle garde le contact avec les anciens. Vient encore une interruption quand, avec d’autres, Paule s’en va, crée et préside une deuxième chorale, la Campanelle, au répertoire plus varié : « Chanter pendant deux heures une page d’Amen, c’était trop pour moi. »

A côté du chant, de l’enseignement, et des activités comme le secourisme, un long rêve d’enfants se réalise avec son mari Henri : ils ont deux fils.

« Il y a toujours l’espoir dans la vie » affirme‑t‑elle, non pas pour répéter une banalité, mais par expérience. Parfois, comme avec son piano exilé, la vie dépasse l’espoir.

L’Union

denis.mahaffey@levase.fr

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