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Théâtre

Amour : la grande affaire (2)

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L'art du théâtre

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« Le Misanthrope » au Mail, 20 février

Deux jours après « Nos serments » dans la petite salle du Mail, les spectateurs assidus sont revenus dans la grande salle pour une autre longue étude de l’amour et ses réverbérations, « Le Misanthrope » de Molière.

Les deux pièces, à plus de trois cents ans d’écart, se penchent sur le sujet, ses excitations, faux-semblants et déboires. Ici, seul Alceste a la vision austère d’un engagement exclusif et éternel. D’autres personnages, et surtout Célimène, qu’il aspire à posséder, considèrent l’amour comme un prétexte à s’amuser, flirter, séduire, jouer avec les sentiments, trahir. Les déclarations d’amour sont souvent de mauvaise foi, prononcées pour voir… ce qui se passera ensuite.

Il y a quelque chose d’émouvant, pour un des sans doute rares étrangers dans la foule de spectateurs, à assister à ce rendez-vous entre les Français et l’un de leurs chefs-d’œuvre, familier depuis l’école. Michel Fau, metteur en scène et qui jouait Alceste, a choisi de grossir le trait, en présentant une galerie de grotesques, aux costumes historiquement justes mais ridicules. Seule Julie Depardieu en Célimène est plutôt naturelle, icône noire dans une marée de couleurs.

C’est à tout moment distrayant, plein d’images ou de gestes à faire rire. Cependant, la priorité absolue reste la clarté du texte. Chaque syllabe est nette, même dans la bouche d’Oronte le Précieux, excessif comme un camion roulant sur le trottoir.

La mise en scène met Célimène au centre de l’agitation sentimentale. Dans la scène culminante, quand les accusations d’inconstance et de médisance se déversent sur elle, Célimène prend un air penaud, mais qui cacherait un vacillement entre larmes et rires. Etre chargée à ce point est une épreuve, mais aussi la preuve qu’elle a su mener son cirque.

A la fin, jetée par terre par Alceste partant vers son « désert », Célimène se relève, se demande peut-être si le jeu valait la chandelle, peut-être comment mieux faire dans la duplicité la prochaine fois.

denis.mahaffey@levase.fr

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