Tirer les rois – ou tirer sur la copine ?
Camille a cinquante ans et vit chez Papa et Maman. Parti en stage, il ramène sa nouvelle – et première – copine, Régine. La joie au foyer ? Pas du tout : une lutte s’engage, alors que la mère conteste de plus en plus âprement le droit de son fils à se détourner d’elle vers cette étrangère.
« La mienne s’appelait Régine » de Pierre Rey a été créée à Paris en 1986, avec notamment Annie Cordy et Pierre Dux dans le rôle des parents. Elle avait attiré l’attention de Jean-Marie Debia, metteur en scène non-professionnel mais avec une grande expérience, et qui cherchait depuis à produire la pièce.
Il s’est associé à Martine Besset et Jacques Delorme, comédiens non-professionnels expérimentés comme lui, qui joueraient les parents. Ils ont cherché longuement avant de recruter Olivier Gontard et Murielle Legendre-Vogel pour les autres rôles. Après un an de travail, ils sont prêts à affronter le public.
De g.à dr. Murielle Legendre-Vogel, Jacques Delorme, Olivier Gontard et Martine Besset.
Lors d’une répétition dans une salle prêtée par « Rive droite », les acteurs évoquent leurs rôles. « Nous avons commencé par parler à fond de chaque personnage avec le metteur en scène. » Chacun a ses difficultés. « Je ne suis pas tellement tactile » explique Martine « et je dois constamment toucher, caresser mon fils. » Jacques est peu enclin de nature à accepter d’être écrasé comme il est. Couple en ville comme sur scène, ils ont même du mal à répéter chez eux. Olivier a « beaucoup de difficulté à entrer en colère ». Murielle trouve le mutisme de Régine dur à gérer. Ainsi le théâtre force chacun à élargir ses horizons.
Jean-Marie Debia insiste sur l’importance d’approfondir les rôles avant de commencer à répéter, et d’un « travail méticuleux, concentré » ensuite. Il souligne la dureté de l’histoire, surtout la fin, qu’il ne révèle pas. Qui gagnera cette bataille, existentielle pour le fils comme pour la mère ?
Pourquoi aller voir une pièce si noire, si négative ? La réponse tient du mystère du théâtre, qui dirige un projecteur sur la nature humaine, permettant au spectateur de la percevoir autrement, en l’acceptant, en s’acceptant. Les Grecs appelaient cela la « catharsis ».
La pièce aura sa première au Petit Bouffon le samedi 7 mars à 21h, et sera rejouée le dimanche 8 à 15h (prix d’entrée €10), et au théâtre Saint-Médard le 28 mars à 20h30 (prix d’entrée €12). Réservations au 06 82 23 87 74.
denis.mahaffey@levase.fr