La dizaine de grandes marches en pierre qui mènent à l’atelier changent plusieurs fois de hauteur et même de direction, comme pour dérouter ou faire chuter des intrus.
L’atelier-musée
Mais d’abord, en bas, dans leur maison à Soucy, les marionnettistes Catherine Hardy et Brieuc Segalen parlent de leur compagnie Théâtre àêtre. Le nom vient de l’habitude de leurs enfants en jouant de dire, dans leurs jeux, « Je joue à être… ».
Catherine, né en Gascogne, a fait ses études dans une école d’art puis à l’école d’art dramatique de la Rue Blanche à Paris. Elle a aussi tenu un magasin de jouets, déguisements et marionnettes.
Brieuc, au nom doublement breton, est né à Paris. Après dix ans de professorat de dessin, il a été recruté par Apple pour gérer des activités graphiques.
En 2012 ils ont suivi ensemble un stage à Prague, haut lieu de l’art des marionnettes. Chacun a construit un dragon à fils en bois.
Ils ont fait leur premier voyage au Cambodge en 2018, y apprenant la fabrication et la manipulation de marionnettes à tige, et les techniques du théâtre d’ombre.
Ils ont voyagé en Chine, à la faveur de la Fondation Victor Segalen, qui poursuit les efforts de cet écrivain, voyageur et sinologue du 19e siècle, pour encourager l’entente entre la Chine et la France. Brieuc est son petit-fils.
Ils ont élargi leur répertoire, en construisant leurs propres personnages de toutes sortes.
En 2023 ils ont réalisé un projet pour la nouvelle Cité Internationale de la Langue Française, en accompagnant des groupes parcourant le château de Villers-Cotterêts… mais avec deux marionnettes pour servir de guides ! L’une est une simple salamandre de la forêt de Retz, l’autre la grandiose salamandre dragonne, emblème de roi François 1er, bâtisseur du château. Chaque visite s’est terminée par un atelier.
Récemment ils ont lancé l’idée de « Veillées au coin du feu ». Théâtre à être se rend chez un particulier et joue pour les invités, avant de prendre un verre ensemble et faire circuler un chapeau.
Voilà le passé et le présent de Catherine et Brieuc. Il est temps de négocier les marches-barrière qui mènent à l’atelier, où le trésor attend.
Les murs sont recouverts de marionnettes, les leurs et de collection. Catherine et Brieuc ouvrent des caisses, tiroirs et valises, en tirent une multitude de marionnettes, et les font fonctionner. Des professionnels, mais impossible de ne pas penser à des enfants montrant leurs jouets à un camarade en visite. C’est peut-être le secret de leur succès.
Brieuc dévoile les astuces qui rendent les créatures éloquentes. Les marionnettes à gaine, portées sur la main comme un gant, ne pouvaient pas tourner la tête, mais ils ont inséré une tige qui le permet.
Leur dernière production, Les Bidules mous, exige une foule de marionnettes tubulaires. Comment faire ? Mais inventer un système de manipulation collective, voyons.
Les marionnettes sont inanimées, mais le Théâtre àêtre en fait des personnages qui racontent, font rire, même émeuvent.
Théâtre àêtre, www.aetre.net, contact@aetre.com, 06 71 91 58 19.
Un commentaire ? denis.mahaffey@levase.fr
[Cet article paraît dans l’édition Villers-Cotterêts/La Ferté-Milon n°22 du Vase Communicant.]