Fadinard menace Beauperthuis.
Il y a deux ans, la « classe théâtre » de Troisième du collège Lamartine (dans le dispositif CHAT) avait joué « Antigone » (doublement, dans les versions d’Anouilh et Sophocle) ; l’année dernière c’était « Roméo et Juliette » de Shakespeare. Ces tragédies, plutôt politique et philosophique dans le premier cas, lyrique dans le second, et mises en scène par Jérôme Wacquiez, ont été à leur portée, graves sans être lourdes.
Cette année, Philippe Chatton, coordonnateur du cycle CHAT, et le metteur en scène auraient-ils opté pour la facilité, en choisissant « Le chapeau de paille d’Italie » d’Eugène Labiche ? Le superficialité est partie intégrante du genre, comme la profondeur dans la tragédie.
Mais ceux qui s’y connaissent en théâtre savent que le vaudeville, au contraire, demande non seulement un engagement intense dans le jeu, mais aussi une parfaite précision dans les répliques, les gestes, le travail d’ensemble, sans laquelle le spectacle se ramollit. En plus, le plus grand sérieux est nécessaire : la moindre trace d’hilarité détruira tout.
Scène d’ensemble
Il fallait alors gérer cette aventure complexe et compliquée dans laquelle, le cheval du héros ayant brouté le chapeau d’une dame, il doit, le jour de son mariage, et poursuivi par « la noce », c’est-à-dire l’attroupement d’invités au mariage, remplacer le délicat couvre-chef. De malentendus en méprises, les personnages s’enfoncent dans la confusion, jusqu’à l’apparition comme par magie d’une réplique du chapeau, juste à temps pour sauver le héros, sa mariée et la situation.
La troupe de Troisième a été à la hauteur. « Il y a seulement une semaine » admet Philippe Chatton « nous croyions que jamais on n’y arriverait. Mais la présence du public les a aidés. »
Chapeau !
Une particularité de ces spectacles de fin d’année est le partage des rôles principaux parmi plusieurs élèves, pour tenir compte de leur nombre. Un effet secondaire de ce choix est de jeter différents éclairages individuels sur un personnage, un enrichissement dramatique.
Le texte de Labiche est pétillant, vigoureux, et les comédiens n’en ratent pas une syllabe. Il y a aussi les trouvailles de mise en scène, telle que l’utilisation de parapluies ou, moment jouissif de théâtre, le moment ou « la noce », montée sur des trottinettes, tournent en boucle sur la scène du théâtre Robin-Renucci, anciennement le théâtre Saint-Just du collège.
Le résultat de cet engagement d’imagination et du travail qui a suivi pour le mettre en œuvre est, littéralement, spectaculaire.
denis.mahaffey@levase.fr♣