Comme si…

Miss Agathe fait souffrir Angel’s Bombito, sous les yeux de Monsieur Jacky.

Gala de catch, gymnase Jean-Davesne   

Il était une fois un pays où les méchants perdaient et les bons gagnaient toujours. Ainsi l’affreux avec une mine à la Gengis Khan, jusqu’aux moustaches en arcs de cercle, et même s’il était baraqué comme un char d’assaut, ne pouvait qu’être vaincu par Tyson Furia dos Santos avec sa gueule d’ange, et son slip, ses manches d’avant-bras et genouillères en lamé or. La longue chevelure bouclée de Miss Agathe garantissait sa victoire sur Angel’s Bombito aux cheveux courts blond cendré.

C’était au gala de catch, venu à Soissons à l’initiative de l’adjoint aux sports Frédéric Vanier. Quatorze catcheurs ont monté sept combats. La foule de spectateurs, dont une moitié d’enfants, se déchaînaient à chaque prise, chaque coup, et surtout chaque chute retentissante.

Une mêlée pendant le combat à huit.

Culture populaire certes, mais événement culturel ? Oui, par la distance théâtrale que reconnaissait le public, pas dupe, entre ces échanges, musclés mais contrôlés, et une vraie violence. Malgré leur accoutrement guerrier, les catcheurs étaient davantage des acrobates accomplis que des lutteurs. Dans une parfaite entente entre eux, ils jouaient à s’étriper. C’était comme si tout était réel, non pas un conte de fée.

Le bouquet de la soirée a été une confrontation entre huit catcheurs, férus d’infractions aux règles que tentaient sans succès d’imposer deux arbitres, retraités du catch eux-mêmes.

La foire d’empoigne, alors, avec un risque de dérives dangereuses ? Non. Sous l’apparente anarchie, au milieu des corps qui s’attrapaient, sautaient, tombaient, roulaient par terre, se tordaient de douleur, le match était aussi millimétré que les pas dansés par des sylphides dans un ballet classique.

Le combat de catch est une pièce de théâtre où chaque acteur tient intensément son rôle. Son succès populaire vient du fait que le public tient avec autant d’intensité le sien.

La buvette au gala a été tenue par Jalmalv, association soissonnaise d’accompagnement de personnes gravement malades ou en fin de vie.

denis.mahaffey@levase.fr