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Théâtre

Entre franchise et connivence : Jérôme Commandeur

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L'art de faire rire

Regard entendu de Jérôme Commandeur vers son public

Dès son entrée en scène Jérôme Commandeur est applaudie par le public. La salle est pleine – « Plus une seule place » annonce-t-on au guichet. Un tel accueil n’est pas rare pour les humoristes se produisant au théâtre du Mail pour la première fois, mais qui se sont déjà fait une réputation à la télévision et à la radio. Le public est composé en grande partie de ceux qui veulent voir ces phénomènes en chair et en os et sur scène. Les autres les découvrent.

Il l’admet tout de suite : son nouveau spectacle, « Tout en douceur », est en rodage avant Paris et il se peut que cela se sente. Il en oublie même la première liaison. La relation avec le public est posée : cafouille-t-il réellement, ou le simule-t-il ? La finesse de son jeu est d’entretenir ce doute, de feindre la franchise puis d’avoir un petit rire en coin comme pour dire « C’est un jeu, ne suis-je pas humoriste ? » Il manipule le public puis l’avoue avec un sourire. Parlant d’un biker de Soissons fou de distances, de voyages qui repousseront les horizons au-delà du possible (« Je sais que ce n’est pas le moment de soulever le sujet des bikers, mais j’ai écrit tout ça il y a six mois », c’est-à-dire bien avant la mort du biker national), il déclare « Il est allé jusqu’à Belleu. » Alors que la salle rit et applaudit il ajoute « C’est ça l’ancrage local. » Il prend ainsi le public de court en révélant les méthodes expéditives des humoristes pour faire semblant de connaître une ville dont ils ne voient guère que par la fenêtre de leur loge. Il établit une connivence précieuse avec la salle.

Il passe de sujet en sujet, son embonpoint, ses parents et, partie délicieuse et enlevée, les clichés dont il a horreur. « La charcutière à qui je donne de la monnaie le compte, se trompe et dit « On va y arriver ! » Il hurle « Comment ça, « y arriver » pour compter vingt euros. Bah ! »

Pourtant, en imaginant ses propres obsèques pour finir son spectacle, et en se rappelant tout ce que la vie lui a apporté, il se rend à l’évidence, au moment de mourir, que « c’était mieux avant ! ». Un pied de nez à son propre discours. Mais quand, en saluant le public, il dit son plaisir à l’avoir rencontré, la salle le croit. Pourquoi pas ?

denis.mahaffey@levase.fr

 

[Dernière minute – dernière minute : Jérôme Commandeur sera René Angelil face à Valerie Lemercier dans un film sur Céline Dion.]

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