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Théâtre

Le clown et le canard

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L'art du clown

OLYMPUS DIGITAL CAMERA“Le vilain petit canard” avec Eric Tinot, Salle polyvalente, Crouy   

A la fin du spectacle, le clown qui nous a joué l’histoire du vilain petit canard se baisse, s’essuie vigoureusement le visage avec une lingette, tombe le nez rouge, le chapeau et la perruque. Il relève la tête, et c’est un jeune homme, prêt à répondre aux questions. Impossible de ne pas faire un parallèle entre la transformation du pataud caneton en noble cygne et celle du clown grotesque devenant un homme avenant et sûr de lui devant nos yeux.

L’acteur a admis s’être identifié à ce conte de Hans Andersen et sa créature déconsidérée. Il s’y investit, mais sans s’y perdre. Tout est transmis à travers le personnage du clown. Au lieu de reproduire fidèlement le comportement des différents animaux, Eric Tinot reste clown, surjouant des attitudes et des voix, comme doit le faire un clown pour rester clown. C’est un exemple de distanciation théâtrale. L’histoire poignante devient un conte merveilleux.

Le clown, devenu comédien, répond aux questions de la salle.

Le clown, devenu comédien, répond aux questions de la salle.

Eric Tinot de Pass’ à l’acte a souvent joué la pièce, qu’il a écrite en restant fidèle au texte de Hans Andersen, avec des rajouts adaptés à chaque public, dans la mise en scène de son maître en théâtre masqué, Mario Gonzalez. A Crouy, il était devant des élèves d’école des alentours, déçus, pour les plus petits, d’avoir été considérés trop jeunes pour “Maîtres et valets” joué ici auparavant, ou ravis, pour les plus grands, de revoir du théâtre. Les quelques adultes avaient saisi l’occasion de voir enfin la pièce.

Le canard devenu cygne, d'une édition néerlandais du conte de 1983.

Le canard devenu cygne, édition néerlandaise du conte de 1893.

Les enfants ont été partie prenante dès qu’ils ont été appelés à reproduire le “crac ! crac !” des œufs qui éclosent. Ils ont fait les bruitages, agité les jambes pour nager comme le caneton, levé les bras pour voler.

A part un éclairage fixe, un grand cube de mousse blanc sur lequel le clown prenait ses élans et les chaises des spectateurs, la salle était un espace neutre, dont seule la performance du clown – et du public – fait un théâtre.

Il y avait des questions (“Je mets une heure à me maquiller” répond-il), mais les spectateurs ont levé une forêt de doigts surtout pour dire “J’ai aimé.” Combien seront devenus ainsi des fidèles du théâtre ? Combien auront senti éclore une vocation de clown, comme un œuf qui fait “crac ! crac !” ?

denis.mahaffey@levase.fr

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