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Théâtre

Le décoincement d’un coincé

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L'art du théâtre

Le Monsieur et la Petite fille font connaissance.

Le Monsieur et la Petite fille font connaissance.

Le spectacle se termine par une image visuelle, époustouflante par son éloquence, sa capacité à résumer en quelques secondes le dénouement de la pièce qui vient d’être jouée.

Mais revenons à ce qui l’a précédée.

Au début de « Le poisson belge » de Léonore Cofino, une jeune fille, jouée avec une énergie explosive par Géraldine Martineau, est assise sur un banc à Bruxelles, à côté d’un vieux monsieur, joué par Marc Lavoine, qui excelle à transmettre l’inconfort de ce personnage. Les parents de la fille ne sont pas venus la chercher comme prévu. Elle s’accroche à l’homme, l’accompagne à sa maison, s’y installe. Un long échange commence entre deux malheurs.

Chacun est mal dans sa peau, elle coincée dans les affres du mal-être, lui coincé dans sa rigidité maniaque et perverse. Mais elle est moins coincée que lui, car l’énergie la parcourt comme un incendie, et elle finit par le bousculer dans ses habitudes. Surtout, sa présence envahissante et au fond bienveillante fait que la longue solitude de celui qui est en fait son compagnon sur le chemin de la vie, n’a plus de sens. La confrontation finit par réconcilier chacun à son sort et à sa vérité, une vérité qui fait terriblement mal mais qui libère.

Il s’agit moins d’osmose que de reconnaissance que chacun est le reflet caché de l’autre. Elle assume sa force masculine, lui accepte le côté féminin qui l’a tant troublé.

Enfin, dans un cri primal elle évoque les « cent couleuvres » que l’homme doit vomir pour se retrouver dans sa réalité. Le plateau est dans l’obscurité et soudain, comme si l’homme s’immolait, un grand éclat de lumière semble sortir de sa poitrine et s’étendre autour de lui. La lumière vient d’un projecteur vidéo, remplissant toute la scène de petites formes sinueuses qui se tortillent partout, même sur le corps des deux personnes. Voilà les couleuvres qui sortent, et qui disparaissent dans un noir réparateur. C’est un grand moment de théâtre, où l’image est le paroxysme des mots qui l’ont précédé.

Géraldine Martineau est plus âgée que le personnage qu’elle joue ; Marc Lavoine est plus jeune que le sien. Qu’ils dépassent ce petit illogisme, cela aussi c’est la force du théâtre.

denis.mahaffey@levase.fr

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