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Le Montespan : le théâtre d’emphase

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L'art du théâtre

Une dame de la Cour (Simon Larvaron) entre le Marquis (Michaël Hirsch) et la Marquise (Salomé Villiers

Un émissaire du Roi-Soleil rend visite au Marquis de Montespan. Le mari fidèle de la Marquise, devenue la favorite/maîtresse du souverain, est renvoyé dans ses terres de province pour ne pas avoir accepté sa situation de cocu et profité des avantages y attenant, et pour avoir même protesté publiquement.

Sur la scène du Mail, dans une adaptation du livre de Jean Teulé, le Marquis exilé reçoit l’officier, qui souffre d’un affreux tic : il cligne constamment de l’œil et, à chaque fois, frotte la peau à côté de l’œil le plus affecté. Le tic l’empêche d’engager la conversation. Il cligne et frotte ; cligne et frotte. Le public commence à rire. Il continue à cligner, et de frotter. Les rires augmentent. Il continue.

C’est le phénomène théâtral de l’emphase flagrante. Des gestes naturels, au lieu de rester mesurés, comme dans le théâtre naturaliste, sont délibérément démesurés. Les voix se transforment, les patois sont exagérés, les gestes grossis.

Il y a une multitude de personnages, et trois comédiens. Michaël Hirsch campe Montespan du début à la fin ; Salomé Villiers, qui a adapté le livre, est principalement sa femme Françoise, mais joue d’autres femmes, et même un dignitaire ecclésiastique à la cour du roi d’Espagne, avec une fausse moustache tenue en place par des élastiques ; enfin, Simon Larvaron saute de costume en costume dans les coulisses, au point qu’à chaque entrée en scène le public rit spontanément de le revoir dans un nouveau rôle. Il donne un style distinctif à chacune de ses apparitions éclair.

La scénographie ingénieuse impressionniste, faite de trois panneaux de gaze décorés de vagues indications versaillaises, est à l’échelle de la scène miniature de la Huchette à Paris, où la pièce a été créée. A Soissons, elle occupe le milieu du plateau comme une cabane opulente.

La mise en scène et le jeu d’acteur sont exubérants, mais le sujet reste poignant, car la colère et la douleur minent la vie du Marquis, et un rejet par le Roi attend la Marquise. Le fameuse arrivée du Marquis à Versailles, dans son carrosse peint en noir et surmonté d’une paire de cornes gigantesques, n’est pas seulement un défi audacieux, mais une contestation unique de la légitimité d’une monarchie absolue.

Un commentaire ? denis.mahaffey@levase.fr

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