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Théâtre

L’émancipation des femmes avec brio

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L'art de l'émancipation des femmes

 

 

Agnès Bove la féminsite, Anne Barbier la petite-bourgeoise, Trinidad la mère de famille trop nombreuse

« Et pendant ce temps Simone veille » au Mail prend la forme d’un feuilleton générationnel traité sur le mode burlesque. Une narratrice présente trois femmes qui sont, successivement, elles-mêmes, puis leurs filles, leurs petites-filles et leurs arrière-petites-filles, à différentes époques de l’émancipation des femmes.

En 1950 un appareil Moulinex est censé satisfaire les aspirations de vie des femmes, alors que leurs hommes s’occupent du monde – et veillent sur leurs petites femmes, les gâtant ou les engrossant répétitivement, selon le statut social. Mais déjà la troisième, portant un turban très Simone de Beauvoir, prêche l’indépendance, pointe la soumission que les deux autres vivent comme une liberté. Et la nouvelle grossesse de l’ouvrière ? Elle peut toujours aller en Belgique.

Trinidad et Agnès Bove partagent.

Leurs filles se retrouvent dans les années Soixante, maniant le joint comme leurs mères avaient manié le mixeur. Leurs petites-filles vivent la campagne pour l’avortement, et le passage de la loi qui l’autorise, mené par Simone Veil, celle du titre. Leurs arrière-petites-filles continuent le combat. La narratrice dit leurs noms et leur situation. « Coatchéomaux ? » lit-elle, mystifiée, sur un papier. Celle qu’elle vise la reprend : « Coach et homo ! ». Elles se demandent ce qu’auraient dit d’elles leurs ancêtres des années Moulinex. La scène est frappante : en silhouette noire contre l’écran qui fait le fond de scène, elles imaginent les remarques : « Moi on m’a dit d’aller me faire avorter en Belgique ; elle, elle va se faire inséminer en Espagne. »

Le spectacle prend fin dans la reconnaissance de la grande Simone, celle qui, avec tant d’aplomb et calme, avait mené une bataille décisive devant la Chambre des Députés.

Fabienne Chaudat mène la revue.

Ce condensé de l’histoire de l’émancipation est raconté avec un brio à la fois intense et léger par les quatre comédiennes, qui ne laissent aucun moment creux. Anne Barbier est la petite-bourgeoise de 1950, Trinidad (un des auteurs de la pièce) l’ouvrière et Agnès Bove la primo-féministe. Chacune adopte goulûment les avatars qui assument leur héritage.

Fabienne Chaudat est la narratrice, moitié meneuse de revue, moitié présentatrice de jeu télé, moitié (eh oui !) proviseure dynamique de lycée. Elle a un sourire éclatant, des gestes généreux ; elle est à la fois, ou tour à tour, empreinte de dignité et fofolle.

C’est la verve de ces comédiennes, mises en scène par Gil Galliot (un homme…) qui donne au spectacle son attrait conquérant. L’importance de cette vitalité est bien définie par les paroles d’un air de « Gay’s the word », dernière comédie musicale du compositeur gallois Ivor Novello :

La vi-ta-li-té !
Ça compte plus que la personnalité, l’originalité ou l’actualité,
Car c’est ç
a qui fait d’un four un tabac !

denis.mahaffey@levase.fr

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