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Théâtre

Prochainement (13déc) / L’impasse des couples

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L'art du seule-en-scène dramatique

Heureux les heureux de Yasmina Reza, avec Carole Bouquet, au théâtre du Mail.

La comédienne Carole Bouquet, travaillant avec l’auteure, a adapté pour le théâtre le roman Heureux les heureux, composé d’une série de portraits-monologues qui illustrent la vie conjugale de plusieurs couples en détaillant les interactions à l’intérieur de chacun, et avec les autres couples, et avec quelques personnes extérieures.

Photo Pixabay

La construction est complexe et intrigante. Les mêmes personnages apparaissent sous différents jours, et peu à peu émerge une micro-société où pas seulement les couples cherchent moins l’entente que la confrontation dans le mariage, mais où les époux butinent ailleurs pour trouver le miel qui manque dans leur couple.

Les portraits sont féroces : petitesse, irritabilité, frustration, angoisse, excès, désespoir ; mais parfois, ils sont marqués par des moments de compréhension, de tendresse, d’acceptation. En général, la fidélité est fade, servant surtout à assurer les arrières. L’infidélité n’est guère plus réjouissante, calculatrice, sans amour, sans passion. La fidélité ne survit que par défaut, le libertinage est étriqué. Les couples sont dans l’impasse, et les peccadilles, ignominies et infamies de leurs petites trahisons n’offrent pas de sortie réelle.

Une galerie de minables, alors ? Non, de gens qui n’arrivent pas à déployer, dans la société qui les encadre, leur capacité humaine à vivre la splendeur de la vie humaine.

L’écriture rend ces portraits, présentés en langage parlé – ce qui a pu faciliter l’adaptation à la scène -, drôles plutôt que navrants. Le texte baigne dans l’humour, par la fine observation des comportements.

Adapté pour le théâtre et une seule comédienne, cet entrecroisement de tant de vies a été radicalement simplifié, et l’histoire devient celle de deux couples mariés, même si l’impact des autres personnes s’entend en coulisse. Seule en scène, Carole Bouquet joue quatre personnages, deux maris et deux femmes. Robert et Odile Toscano vivent sur le pied de guerre l’un contre l’autre, Robert y perdant souvent pied, Odile ayant un amant. Hélène Barnèche est habitée par une longue relation extramaritale qu’elle a eue autrefois avec un homme dominateur qui avait éveillé sa sensualité, négligée par son mari Raoul, joueur pur et dur dont l’horaire est réglé non pas sur le jour et la nuit, mais sur les heures d’ouverture des salles et club de jeu.

Ce choix de rétrécissement était difficile à éviter si l’on devait faire d’un roman à tant de personnages un « seule-en-scène ». Il n’enlèvera rien à la finesse d’oreille de Yasmina Reza.


La célébrité au cinéma donne une sorte de patine à celles et à ceux qui l’incarnent. Leurs éventuels passages au théâtre attirent alors des spectateurs qui, connaissant intimement leur image sur l’écran, veulent les voir en chair et en os. C’est comme voir enfin l’original d’un tableau disponible jusqu’à là seulement dans des reproductions.

Alors quand Carole Bouquet, dont l’image est passée si souvent au cinéma Le Clovis, arrive en personne au théâtre du Mail, sa présence ne peut qu’ajouter du piquant au texte qu’elle joue.

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