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Le Vase des Arts

Quatre chansonniers en goguette

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L'art de faire rire de l'actualité

Aurélien Merle à g. et Stanislaus à dr.

Au milieu de leur spectacle au Mail, après une saynète particulièrement débraillée, Stanislaus, le plus… mûr des quatre chansonniers des Goguettes, s’adresse au public : « C’était le moment punk du spectacle ; vu mon âge, j’ai autant en commun avec le punk que Rachida Dati avec la culture ! »

Clémence Monnier et Aurélien Merle portent des coiffes bretonnes pour un numéro sur le voyage.

Le ton de raillerie était donné dès le début, et ils l’ont maintenu pendant deux heures. Valentin Vander le bouclé, Aurélien Merle le grand maigre, Stanislaus le mûr et Clémence Monnier la femme sont d’abord des chansonniers, et savent donc chanter. Ils dansent aussi, jouent la comédie et des instruments, surtout le piano, où les hommes remplacent à l’occasion la femme. Ils sautent, bondissent, courent avec une énergie infaillible. Surtout ils font tout avec une précision étonnante : jamais un faux mouvement, jamais une hésitation, jamais une bousculade, jamais un trou dans le déroulement, au milieu d’une scénographie et d’un éclairage complexes.

Leur fond de commerce depuis dix ans est l’absurdité, la vénalité et les faux semblants de la société, surtout dans la vie publique. Ce spectacle s’appelle Le troisième Quinquennat, par référence à une prolongation imaginaire du mandat de l’actuel président de la République, dégagé du système fastidieux des élections. Pour aborder le sujet les Goguettes s’ornent de quatre couronnes dorées.

Le débit est toujours en accéléré, et le sujet peut parfois échapper aux spectateurs inattentifs. Peu importe, comme pour un duo époustouflant, sensuel, frisant l’érotique entre Valentin et Aurélien, Moralisez-moi, sur la musique de Déshabillez-moi de Juliette Greco. Le ton langoureux devient soudain autoritaire à la fin : « Et puis – démoralisez-vous ! »

L’écologie fait une apparition, quand Valentin raconte sa désarroi en invitant à dîner une nouvelle petite amie qui s’avère, devant ses plats carnés, être végane. La théorie des genres prend un coup dans une saynète entre Valentin et Aurélien, débitée en vers simili-raciniens. Rachida Dati a droit à une chanson rien que pour elle. Emmanuel Macron plane au-dessus du spectacle.

Stan se confie au public.

Les quatre membres des Goguettes écrivent chacun dans son coin, nous apprenons, puis soumettent leurs efforts aux autres pour sa mise en forme. Ils sont au début d’une nouvelle tournée, laquelle les obligera certainement à adapter (et apprendre) leurs textes pour faire face à l’actualité.

En conclusion, Stan prévoit le retour à Soissons avec Le vingt-septième Mandat. « Réservez vos places déjà, à 11 heures du matin, au cimetière. Nous sommes heureux d’annoncer qu’un hologramme d’Alain Crémont (*) sera présent. » Ah, ils font donc leurs enquêtes…


(*) Maire actuel de Soissons

[Une question ? denis.mahaffey@levase.fr]

[01/02/24 : Modifié pour préciser la fonction d’Alain Crémont]

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