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Théâtre

Un heureux événement au Mail (*)

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L'art du théâtre

Juliette Coulon et Laetitia Lalle Bi Bénie

Après les répétitions (voir La panoplie des hontes), la création. Je ne marcherai pas dans tes pas a rejoint le répertoire de la compagnie de l’Arcade en résidence à Soissons. La première a eu lieu chez elle, dans la grande salle du Mail, devant un public très majoritairement jeune. La pièce partira ensuite en tournée, et sera au festival d’Avignon l’été prochain.

Laetitia Lalle Bi Bénie et Xavier Czapla

Assister aux répétitions, c’était voir les détails se mettre successivement, parfois de façon hésitante, en place, les complexités techniques s’arranger, le jeu des comédiens émerger en s’adaptant aux exigences de la mise en scène. Tout était dû aux efforts de toute une équipe le long de sa gestation : auteur, metteur en scène, comédiens, musicien, chorégraphe, scénographe et ingénieurs du son et de l’éclairage. Comment, mais comment, se dit le rare spectateur admis à ce bureau d’étude/laboratoire/atelier d’artiste (et qui se sent un peu un intrus), feront-ils pour mettre tout cela ensemble dans le peu de temps qui reste, pour que leur spectacle soit présentable devant des spectateurs ?

Le soir de la première, voilà la scène et la salle dégagées du matériel qui les encombrait pendant les préparatifs, les fauteuils qui se remplissent, et les trois comédiens qui attendent, assis dans une demi-obscurité, devant le décor, un couloir qu’ils ne quitteront pas le long de la soirée. Le compositeur-musicien s’installe à son poste de travail à côté d’eux ; les lumières de la salle baissent, celles du plateau montent, une note de musique électronique s’entend. Le spectacle commence.

Trois sociologues partent en mission ensemble en Afrique. Leur malaise, différent pour chacun, une honte générée à l’enfance, va troubler puis détruire le travail d’équipe, mais cette faillite les amène en même temps à dépasser cette honte, ou ne pas la laisser diriger leur pas. Ils prendront leur propre chemin, laisseront leurs propres traces.

La dynamique perceptible pendant les répétitions a changé. La magie du théâtre, dont on parle, consiste à transformer tant d’efforts individuels en un spectacle qui a dorénavant sa propre vie. C’est un peu comme une construction qui sort du chantier naval, entre dans l’eau et – abracadabra ! – devient un navire. C’est une naissance : un nouvel être, qui doit beaucoup à ses géniteurs, commence sa propre vie. C’est un heureux événement. Ceux qui portaient le projet sont désormais portés aussi par lui.

La beauté de ce nouveau-né vient de la perfection avec laquelle tant d’éléments théâtraux s’imbriquent, parole, musique, danse, éclairage, pour déchiffrer la nature humaine, fonction première du théâtre, sans tomber dans le simplisme d’un jeu naturaliste. La pièce ne piège jamais les spectateurs, les laisse libres pour réagir comme ils veulent ou peuvent à la honte qui ronge les personnages. Elle transmet sa force en gardant ses distances.

(*) Toute ressemblance avec des événements dans la vie de l’équipe du Mail Scène Culturelle serait purement fortuite.

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