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Théâtre

VO en Soissonnais Acte 2, La vie d’un festival

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L'art du festival de théâtre

Laurence Masliah, grand-mère et petite-fille

Une heure après « Elle(s) », « J’ai de la chance », écrit et joué par Laurence Masliah, a paru un miracle de clarté, d’humour et de tendresse. Une petite fille ausculte et recrée le passé de sa grand-mère, enfant juive pendant la guerre puis femme friande de langage (« Rebattre les oreilles, non pas rabattre ! ») et de couture (jusqu’à recoudre un bouton sur le pardessus d’un spectateur). Deux vies se fondent l’une dans l’autre. Après le spectacle, la comédienne a parlé avec éloquence du chemin de sa création, en admettant avoir beaucoup pris dans sa propre histoire familiale. Un spectacle illuminé par le partage d’humanité entre scène et salle.

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La femme est l’enfant

« Cortex », de la compagnie belge 3637, utilise la danse et la parole, flot exubérant de mouvements et de mots géré par Bénédicte Mottart et Coralie Vanderlinden, avec Philippe Lecrenier musicien et régisseur sur scène à leur côté, pour examiner une autre transition, celle qui fait d’une enfant une femme, vue à travers le kaléidoscope de la mémoire qui fouille, éclaire, brouille, déforme, crée.

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C’est moi qui ai la corde, pas toi !

A la tradition langagière du spectacle d’ouverture correspond un numéro de cirque pour terminer – mais du cirque « intelligent », où les prouesses physiques sont doublées par une réflexion sur la condition humaine (pensez au spectacle initiatique qui à fait la clôture en 20– ?). Dans « Zwaï », deux acrobates équilibristes suisses utilisent d’épaisses cordes montées sur des poulies pour illustrer une relation de méfiance et de rivalité, chacun jouant des tours à l’autre, piquant son matériel. Ils se détestent, s’envient, s’aiment, et finissent par établir une confiance absolue, dans un feu d’artifice de tours sur les cordes.

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Un festival n’est pas qu’une série d’événements concentrés sur une courte période. Cette concentration crée une vie collective passagère. Le même noyau de spectateurs passe d’un spectacle au suivant, les commentant, échangeant des anecdotes. Si l’on croit au pouvoir du théâtre, on va trouver qu’ils évoluent, que chaque spectacle se joint au précédent pour créer une sensibilité accrue, aussi bien aux spectacles qu’à la vie extérieure et intérieure de chacun.

L’inauguration a lieu à la Halte Fluviale, les pieds presque dans l’eau de la rivière qui rappelle aussi bien la continuité que le passage des choses. Les discours ont été uniformément élogieux envers VO, les références politiques rares et discrètes. Le ton donne le « la » convenu pour les orages et zéphyrs du théâtre qui vont suivre.

Le programme était facile à suivre, les options d’heure et de salle réduites, alors que le souvenir persiste de l’ancien dédale de représentations et de lieux (l’étang à Septmonts, la salle de chaudronnerie du lycée De Vinci…), pour lequel il fallait établir un emploi du temps détaillé. N’ayant pas pris cette peine, j’ai raté un spectacle, et pas des moindres d’après les commentaires : « A mes amours » de et par Adèle Zouane. Voici ce qu’écrit Martine Besset à ma place :

” On n’a pas pu goûter le charme du spectacles A mes amours si on n’a pas été à huit ans amoureuse de Rémi R., et fait tout son possible pour être assise à ses côtés en classe, si on n’a pas à douze ans brûlé de passion pour un de ses camarades de colo, si on n’a pas à quinze ans…Les prénoms et les genres peuvent être modifiés sans rien changer à l’affaire : on a tous connu ces moments-là, dont on veut croire qu’ils dureront toujours, où la peau vibre comme un violon et où l’univers est surchargé de signes…Ils sont saturés de bonheurs, de souffrances, de jalousies, de trahisons, et n’éteignent jamais l’espoir qu’un jour, il (elle) viendra, et ce sera le bon… Le texte d’Adèle Zouane a suscité les sourires complices et attendris des spectateurs, et leurs délices d’être confrontés à leurs propres souvenirs. Avec un talent d’actrice délicate et malicieuse, capable d’évoluer dans ses gestes, sa voix et ses mots en même temps que son personnage, elle évoque un parcours amoureux universel, où chacun a reconnu le sien.

***Entracte***

denis.mahaffey@levase.fr

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