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Au théâtre cet après-midi (*)

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L'art du boulevard

Barbara Schulz et, derrière Le Figaro, Arié Elmaleh

« Encore un couple qui va tout droit dans le mur » pouvait-on penser en lisant le résumé de La Perruche. Quatre jours seulement après Heureux les Heureux, et ses deux couples qui pouvaient à peine se supporter, mais se supportaient quand même, voici un autre, dont l’irritabilité entre l’un et l’autre s’aggrave en temps réel jusqu’à la rupture. La porte se referme derrière la femme ; l’homme reste de ce côté.

Les différences entre les deux spectacles sont pourtant plus grandes que ces similarités.

Heureux les Heureux dissèque la relation conjugale par une accumulation de petits détails véridiques, souvent inattendus. Les perceptions font parfois rire parce qu’elles touchent aux absurdités humaines, mais la pièce ne vise pas le comique.

Faire rire est en revanche primordial pour La Perruche. C’est une comédie de boulevard, c’est-à-dire destinée à ceux qui traditionnellement allaient aux théâtres sur les Grands Boulevards pour se distraire plutôt que pour sonder l’âme humaine ou participer à un spectacle engagé.

Le mari essaie de se racheter de ses fautes.

Les mots d’esprit et les quiproquos sont nombreux, le rythme du jeu d’acteur est réglé pour encourager les rires, le bousculement des codes ne va pas jusqu’à mettre en question les valeurs de base. Il y a des envolées captivantes, comme lorsque le mari défend ses adultères en supposant qu’un corps d’homme est fait de deux parties, au-dessus et au-dessous de la ceinture : celle du Nord, contenant la tête et le reste, celle du Sud, contenant les pieds, doigts de pied… et le reste. Le Nord et le Sud ne sont pas toujours d’accord, peuvent même se disputer. « Le Nord a pu perdre quelques batailles, mais entend gagner la guerre » dit avec conviction ce mari volage. L’image se développe, provoquant l’hilarité dans la salle.

Ce qui peut paraître une facilité dans les échanges n’est pourtant point facile à obtenir : en écrivant une telle comédie, Audrey Schebat fait preuve d’une riche imagination et une grande expérience du genre ; en la jouant, Arié Elmaleh et Barbara Schulz montrent une finesse, une énergie et une précision parfaitement adaptées.

Une autre différence par rapport à Heureux les Heureux est que Carole Bouquet jouait les quatre rôles créés par Yasmina Reza. Ce choix mettait en question l’identité, et offrait à la comédienne une occasion de briller sous quatre projecteurs différents.

A la sortie de La Perruche, plusieurs spectateurs qui avaient vu les deux pièces, tout en s’abstenant de comparer les textes, ont rapproché plutôt la prestation des comédiens. Le contraste a été saisissant entre les avis sur Carole Bouquet (qui « ne maîtrisait même pas son texte ») et le couple de La Perruche (« de très, très bons comédiens »).

Ce couple se sépare à la fin. Se retrouveront-ils un jour ? Au moins Arié Elmaleh et Barbara Schulz allaient retourner chez eux ensemble : ils forment aussi un couple dans la vraie vie.

(*) La direction du Mail a choisi une heure inhabituelle pour ce spectacle, qui aurait pu convenir au cadre de Au théâtre ce soir à la télévision. L’essai s’est avéré probant : ceux qui aiment sortir le dimanche après-midi ont été très nombreux à profiter de cette « séance en matinée ».

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La communication pour mieux vivre

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L'art d'écouter

Déborah Gufflet reprend ses ateliers de Communication NonViolente au café associatif du Bon Coin à partir d’octobre.

Les méthodes de la CNV (*) entendent améliorer et approfondir les échanges, et permettre aux participants de mieux vivre, en les libérant de leurs conditionnements sociaux pour les ouvrir à la bienveillance naturelle. Elles prônent une observation intense, pour dépasser les jugements qui génèrent l’intolérance et la discrimination.

L’approche a été codifiée par Marshall Rosenberg dans son livre Les mots sont des fenêtres, sinon ce sont des murs : employer la parole pour créer des ouvertures positives et éviter les barrières de la timidité, l’agressivité et du mépris.

Une conversation engagée sans réflexion consiste souvent à attendre que l’autre reprenne souffle pour parler soi-même. Au lieu d’écouter simplement, en cherchant à savoir ce qui est derrière ses mots, nous intervenons : « Tu devrais… », « La même chose m’est arrivée, je te raconte. » De petites « violences » qui empêchent un échange plus profond. Nous réagissons au lieu de répondre.

Les « groupes de pratique » en CNV proposent aux stagiaires d’abord de se regarder eux-mêmes, définir leur propre état d’esprit et ses effets dans le corps.

Un travail en binôme peut suivre, avec d’autres exercices d’observation, d’expression, toujours pour mieux écouter l’autre, et mieux se connaître en le faisant. Les vieilles réactions ne disparaissent pas : elles se révèlent. Le travail vise l’ouverture, l’acceptation. Déborah Gufflet constate « qu’il se passe alors quelque chose à l’intérieur ».

Après sa scolarité à Soissons et des cours de clarinette au Conservatoire, Déborah a fait des études de musicologie à la Sorbonne, puis les a poursuivies en Allemagne, en Autriche et même en Indonésie, tout en travaillant avec une association d’échanges franco-allemands pour la jeunesse.

Sur le chemin de sa vie elle a découvert la CNV, qui a modifié sa façon de travailler. Elle est rentrée de Berlin en 2019, s’occupe toujours des échanges franco-allemands, et lance son action pour faire connaître la CNV à Soissons.

La méthode n’est pas naïve ni simpliste, ses préceptes demandent de la réflexion. Déborah cite un exemple : « Exiger des excuses c’est aussi violent que de demander à être excusé. »

Ateliers au Bon Coin les 4, 10 et 18 oct., 8 et 21 nov., 6 et 19 déc., de 18 à 20h.
Renseignements  07 66 15 86 83.


(*) Le terme « NonViolent » relie la CNV aux principes de Gandhi et du mouvement des Droits Civiques américain.

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Musique

Prochainement (8 nov.) / Concert de géants

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L'art de la musique Romantique

L’Orchestre National de Lille est venu à Soissons en juin dernier sous le nouveau directeur Alexandre Bloch. Il revient avec son ancien chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus, bien connu des mélomanes soissonnais : comment oublier ses concerts à la cathédrale, lieu habituel des concerts symphoniques, où la musique sonnait et résonnait parmi les piliers de la nef, jusqu’à l’ouverture de la Cité de la Musique et de la Danse en 2015 ?

Ce concert promet un régal pour ceux que comble la musique Romantique avec ses richesses harmoniques, ses thèmes voluptueux. Des œuvres de trois géants, Berlioz, Mendelssohn et Chostakovitch, seront au programme.

Jean-Claude Casadesus à la cathédrale en 2006.

Après l’échec de son opéra Benvenuto Cellini, Hector Berlioz en a extrait deux de ses thèmes pour en faire une grande ouverture concert, Carnaval Romain. En le composant, il connaissait son affaire : il venait de publier son étude théorique Traité d’instrumentation et d’orchestration – qui pour la première fois détaillait les responsabilités d’un chef d’orchestre.

Tedi Papavrami, violoniste d’origine albanaise dont l’histoire est elle-même pleinement romantique, sera soliste du Concerto n°2 pour violon de Felix Mendelssohn, une des œuvres iconiques du Romantisme. Son début est électrifiant : le compositeur innove en abandonnant la traditionnelle introduction orchestrale en faveur du violon solo, qu’accompagnent les autres instruments.

Trois mouvements et leurs trois thèmes sublimes feront pâmer les susceptibles dans la salle.

Dimitri Chostakovitch peut se rattacher au mouvement Romantique par son utilisation de l’orchestre symphonique. La première Symphonie date de 1926. Reconnue comme sa première grande œuvre, elle l’a rendu célèbre, en Russie et dans le monde. Elle ne dure que trente minutes, mais contient le germe de tout ce qui suivra dans sa carrière. Le contenu est sardonique, spirituel, innovant ; le 3e mouvement, Adagio, qui ferait penser à une marche funèbre, laisse sentir le fond de tristesse et de douleur qui a sous-tendu la vie de ce compositeur, soviétique malgré lui.

Le concert de l’orchestre de Lille finira avec le dernier mouvement, mélange de grâce et de violence, reprenant le thème funèbre.

Ceux qui n’apprécient guère le style Romantique peuvent le critiquer pour son côté populiste, sentimental, son appel aux émotions sans en mesurer les conséquences. Ses défenseurs y verront un moyen d’approfondir ces émotions en gardant toujours la distance qui vient de leur traduction en formes musicales.

Orchestre National de Lille, 8 novembre à 20h à la CMD.

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Exposition

Nampteuil-sous-Muret : L’art éphémère qui perdure

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L'art de l'éphémère

Wast ed Dar de Salim Le Kouaghet (2012)

En 2008, un sentier qui s’étend entre les marais et les coteaux de la vallée de la Crise en boucle entre Nampteuil-sous-Muret et Muret-et-Crouttes, est devenu un lieu d’exposition de « land art » ou arts en nature. Chaque année, l’association du Sentier de la Crise invite des artistes à contribuer des œuvres « éphémères ». Comme certaines résistent pendant des années, l’exposition s’enrichit progressivement. L’édition 2019 vient d’être inaugurée à la ferme de la Berque à Nampteuil. De nombreuses nouvelles œuvres ont été ajoutées, généralement en matières naturelles qui dureront seulement le temps que les éléments les épargneront.

Chaque septembre l’association du Sentier d’art en Vallée de la Crise organise une visite le long de ses 5 km, pour inaugurer les nouvelles installations ajoutées à la collection.

Quoi ma gueule ? de Monique Picavet

Une évolution se fait remarquer, entre les premières années du projet, quand des artistes professionnels se chargeaient de produire des œuvres plus abstraites, et le présent, avec des artistes amateurs qui ont davantage recours aux trouvailles et à l’humour. Quoi ma gueule ? de Monique Picavet se moque gentiment des masques de l’art premier.

En contraste, Wast ed Dar, de Salim Le Kouaghet, datant de 2014, est un exemple de sa série d’évocations de l’âtre central d’une maison arabe. La construction commence à dégringoler doucement, les couleurs perdent de leur brillance, sans rien enlever à la puissance de l’image de ce qui fait un foyer.

D’autres œuvres précédemment installées sont devenues de simples accumulations de branchages ou des tas de rochers – sur un de ces tas des taches rouges subsistent, de la peinture sûrement, mais qui font penser à un autel de sacrifices peut-être humains.

Arbrabesque de J-L Sendron

Ce bouillonnement d’idées ne fait pas ignorer le paysage de la vallée, ses champs et ses bois, ni l’église de Muret s’érigeant en haut au loin, qui n’attendent que le pinceau d’un peintre paysagiste pour passer de la nature à l’art.

En 2016 Jean-Luc Sendron avait installé son Arbrabesque, triangle rempli de coupes en section d’un tronc d’arbre d’aspect rococo. Avec le temps et la météorologie, il prend un air de remplage de pierre pour une église. L’artiste, commentant l’avis selon lequel le caractère éphémère de l’art dans la nature serait en contradiction avec la vocation de l’art à conférer quelque chose d’éternel sur ses sujets, avait rappelé que « l’éternité est une succession d’éphémères ».

Association du Sentier d’art en Vallée de la Crise

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