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Le Vase des Arts

Les déchets enthousiasmants

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L'art de la percussion

Trash a suivi à une semaine d’intervalle Les Goguettes au théâtre du Mail. La qualité de ces deux spectacles peut se résumer chacun par un mot. Pour Les Goguettes c’était « précision », quant à son ton railleur, ses chansons et textes, la coordination complexe des trois hommes et de la femme. Pour Trash, sur le milieu des déchets, c’est « enthousiasmant » : dès la première minute, trois hommes et une femme, cette fois encore, battant des rythmes sur tout ce qu’ils trouvent sous la main, ont galvanisé la salle, pleine et avec un très grand nombre de jeunes. Les applaudissements, comme les éclats de rire, ont suivi chaque exploit sur scène. Quand il a fallu deux spectateurs pour une séquence, des dizaines d’enfants se sont mis debout pour proposer leurs services, le bras tendu comme pour répondre à l’école.

Quatre ouvriers d’un centre de traitement, privés de vrais instruments de percussion, saisissent ce qui leur passe sous les mains : tonneaux vides, bouteilles, leurs propres casques de sécurité (modifiés pour donner des tons gradués, ce qui leur permet, avec l’aide de deux vaillants membres adultes du public, de jouer de simples mélodies, dont Für Elise, en se tapant sur la tête les uns les autres.

La trouvaille est souvent ingénieuse : chacun récupère une boîte à outils articulée dans les ordures pour faire un numéro de percussion complexe, parfaitement synchronisé.

Chaque percussionniste a son caractère et ses caractéristiques : autoritaire, maladroit, borné… et tenant tête aux autres (pour la femme).

La troupe fait partie de la compagnie madrilène Yllana-Töthem , dont Gorka Gonzalez (l’autoritaire) a été un des fondateurs en 2020. Des Espagnols, alors ? Causant espagnol ? Mais pourquoi parler une langue existante alors qu’il est si facile d’inventer un charabia dont le sens est rendu clair par le ton des voix et les gestes qui accompagnent ?

L’énergie débordante (mais parfaitement gérée) est maintenue, et semble même s’intensifier au fur et à mesure que le spectacle s’approche de la fin. Et alors, après avoir reçu une ovation debout de la part du public, les quatre artistes quittent le plateau, bondissent sur les marches entre les fauteuils jusqu’à une sortie, et partent. Quand les spectateurs les suivent, ils les attendent en bas, devant les sorties, tendant la main pour leur serrer la main et échanger des commentaires – et cette fois en français, avec un fort accent espagnol.

Après, il est facile de les imaginer fourbus dans leurs loges, alors que les spectateurs, encore enthousiasmés, ont pu taper sur les réverbères dans la rue en rentrant à pied, ou avec les doigts sur le volant de leur voiture.

Un commentaire ? denis.mahaffey@levase.fr

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