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Théâtre

Une balade avec (plein de) chaussettes et où il pleut des parapluies

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L'art du clown

Deux jours après Une balade sans chaussettes dans la petite salle du Mail avec, en vedettes, vingt doigts de pied émergeant de chaussettes-mitaines, la scène de la grande salle est apparue tapissée de centaines de… chaussettes jaunes, pour un spectacle du clown catalan Leandre Ribera, Rien à dire.

A la différence des comédiens, qui parlent entre eux et que le public regarde, et des humoristes qui s’adressent directement au public, les clowns font entrer le public dans leur monde. Ce monde peut ressembler au nôtre mais ne l’est pas : il est ailleurs, une autre planète avec ses propres lois et logique. Le public est le bienvenu le temps d’un spectacle, il est même invité à y pénétrer, à jouer un rôle. Il peut en rire mais ne peut que reconnaître que, derrière la gaité, ce monde qu’il regarde sur scène est celui d’une solitude radicale. Le clown est triste, non pas par métier, selon le cliché, mais parce qu’il est seul dans un monde fou.

Le clown et un spectateur s’emploient à nettoyer le miroir dans lequel ils se reflètent.

Ce clown-ci habite une maison dont toutes les parties sont branlantes, la porte, la commode à tiroirs, une inquiétante armoire remplie de… chaussettes. Elles sont kafkaïennes dans leur capacité à le frustrer.

Leandre Ribera fait monter sur scène, chaque fois par une nouvelle astuce, des membres du public. Il ne les ridiculise point, comme c’est souvent le cas avec les humoristes, mais au contraire les incite – avec succès – à assumer un rôle de clown eux-mêmes.

Il suscite des moments de délire généralisé dans la salle. Le hublot d’une machine à laver, dans lequel il met une paire de… chaussettes, s’ouvre et tire vers les premiers rangs de spectateurs, exclusivement des jeunes, des centaines de… chaussettes. Ils doivent les enrouler et les jeter sur scène, en visant un grand tonneau vide. Le clown attend, se penche, regarde dans le tonneau avec un léger mépris, lève trois doigts. Le bilan est maigre.

A part un seul long cri, Leandre Ribera n’émet aucun son, aucun mot. Il n’a « rien à dire ». Cela n’empêche pas que ce clown aussi marrant qu’attristant, par ses gestes, ses grimaces, ses mouvements, et par les trouvailles de mise en scène (telle une pluie de parapluies sans raison, juste comme ça), possède une grande, une très grande éloquence.

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