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Le Vase des Arts

Nomades : créer en attente de déconfinement

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L'art de créer pour le jeune public

De g. à dr. Jean-Bernard Philippot, Raphaël Jothy, Pauline Vincent, Pauline Nadoulek, Jean-Marc Chamblay

Le théâtre du Mail à Soissons subit le même sort que toutes les salles de spectacle, auxquelles le confinement a enlevé leur raison d’être.

Un théâtre vide est un lieu de manque. La salle, aux sièges vides, manque de spectateurs, et le plateau, sombre espace nu, de spectacle. Ce ne sera que lorsque les uns commencent à prendre place, et que les artistes se préparent à entrer en scène, que le tout se remettra à vibrer.

Mais le monde de la culture résiste au silence. Derrière la façade fermée, la vie continue. La compagnie Nomades, en résidence depuis des années à Vailly-sur-Aisne, n’avait pas accès à sa salle de répétition habituelle à cause des restrictions sanitaires. Alors son directeur, metteur en scène et scénographe Jean-Bernard Philippot a fait appel à la directrice du Mail, Sabrina Guédon, et Nomades a pu intégrer le théâtre pour une semaine de « résidence de création ».

Avec quatre comédiens, un artiste-plasticien, un vidéaste, une costumière et un technicien, le metteur en scène utilise les ressources techniques considérables du théâtre pour préparer les éléments de la scénographie, leur éclairage, les projections, les déplacements des acteurs, toute la logistique d’un spectacle. Les répétitions du texte et du jeu seront lancées en janvier, et le spectacle, tout de suite après sa création, sera au Mail en avril pour « Mail et Compagnies », la semaine consacrée aux compagnies professionnelles soissonnaises.

Eléments de scène et marionnettes créés par Jean-Marc Chamblay

La petite fleur qui voulait voler, spectacle jeune public écrit par Jean-Bernard Philippot,  tire un joli parallèle entre un petit bulbe, égaré sur un sol peu accueillant, et une fillette du Bangladesh, égarée aussi sur un sol étranger. Il soulève ainsi des interrogations sur l’environnement naturel et humain. La détresse du bulbe pas certain de devenir une fleur, et de la migrante doutant autant de son avenir, et leur courage commun à affronter leur destin, donnent de la force narrative à une fable écologique. Les changements climatiques, la biodiversité, les migrations sont abordés dans cette histoire de ceux qui les subissent.

Ce spectacle fait partie d’un projet théâtral plus large qui s’étend, selon Jean-Bernard Philippot, sur trois ans. Le thème est la capacité de résistance des gens et de la nature aux oppressions.

En 2019 la compagnie a créé Résistance(s), qui traite de la lutte parallèle, en France et en Allemagne, contre le pouvoir nazi. C’est la volet « politique » du sujet.

Un grand spectacle, à l’échelle de Sur le Chemin des Dames, devait suivre en 2020. Germinal, adapté du roman de Zola, représente la résistance sociale à l’oppression. Le premier confinement a bloqué les préparatifs, et de déconfinement a laissé trop de restrictions en place pour que les répétitions puissent se dérouler normalement. Nomades a reporté le projet, sans l’abandonner.

Enfin, La petite fleur qui voulait voler illustre la résistance environnementale, contre les méfaits de la civilisation qui exploite la nature.

La fleur (Pauline Vincent) émerge de son bulbe.

Pour poser les bases d’une création théâtrale, le Mail devient un atelier. La salle et la scène restent faiblement éclairées, sauf sur la régie installée au milieu des sièges, et sur une grande table sur scène, côté cour. Comédiens et autres membres de l’équipe s’y retrouvent pour travailler, échanger, réfléchir sous la responsabilité du metteur en scène. L’ambiance est détendue, apte aux idées et découvertes. L’imagination y est progressivement canalisée.

De temps en temps ils sont rejoints par une des marionnettes du spectacle, sorte de sauterelle de la taille d’un homme faite de rotin, qui hoche la tête en marge de la conversation. Derrière c’est Jean-Marc Chamblay, responsable des éléments du décor, en rotin aussi, qui remplissent la scène, entourage végétal de l’action.

Jean-Philippe Philippot a tenu des auditions pour trouver les quatre comédiens, Pauline Vincent, la petite fleur qui émerge de son bulbe sur scène, Pauline Nadoulek la Bangladaise, Raphaël Jothy et  Daniel Violette.

A une semaine de sa Première la fermeture du Mail avait bloqué Ma forêt fantôme de l’Arcade. La mise en route de La petite fleur coïncide avec l’annonce de sa réouverture (*).

(*) Depuis, la pandémie est encore intervenue pour reporter cette ouverture.

[Une version abrégée de cet article paraît dans le Vase Communicant n° 302.]

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