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Danse

What will have been : audace et retenue

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L'art de la retenue

Daniel O'Brien, Keaton Hentoff-Killian, Lauren Herley et leur violoniste

Il y a eu Kneedeep en 2016, Driftwood en 2017 et, en partenariat avec la compagnie de danse DK59, Si’i (*) en 2021. Avec son dernier spectacle, What will have been en février 2024, cela fait huit ans que la compagnie australienne Circa offre aux Soissonnais sa vision d’un cirque sans paillettes ni esbroufe, qui n’essaie pas de faire frissonner ni s’esclaffer le public.

Cela devient même de plus en plus dépouillé. Seuls une femme et deux hommes ont occupé la scène du Mail. La femme commence par un long solo sur une corde aérienne descendue des cintres. Ses mouvements, gracieux, complexes, techniquement audacieux n’ont jamais été spectaculaires : elle donne l’impression de s’adonner à une méditation corporelle.

Les deux hommes l’ont suivie, sur un trapèze, une performance plus ouvertement vigoureuse (ce sont des hommes !), encore plus clairement audacieux. Il y a un élément d’émulation, mais sur un fond consensuel.

A trois, les hommes à présent torse nu, le rythme s’accélère. Il y a de l’agression, mais pas de violence, dans le sens qu’un des hommes fait chuter l’autre, mais c’est un mouvement partagé, sans brutalité, sans la victoire de l’un sur l’autre. Les hommes soulèvent, jettent la femme en l’air, mais sans qu’elle ait à se sentir violentée ni vaincue. Cela rappellerait plutôt les jeux d’enfants, des batailles féroces mais amicales. La force est déployée, mais la réaction confirme la résilience de l’autre partie.

L’ambiance paisible est soulignée par la musique d’accompagnement, soit électronique pour accentuer des moments forts, soit jouée sur le plateau, à côté des acrobates, par une violoniste. Face à l’énergie déployée si généreusement, elle contribue à une sérénité de fond.

Les spectacles de Circa intensifient la perception du corps humain, qui dépasse ses limites ordinaires. En retenant, presque en cachant ces dépassements, le cirque selon Circa, tel que le conçoit Yaron Lifshitz, directeur de la compagnie – et il serait tentant de l’appeler le chorégraphe – révèle une parenté avec la danse classique. L’entraînement déploie une formation rigoureuse corporelle, mais qui apprend autant à dissimuler l’effort, la force nécessaire. Quand ils reçoivent les applaudissements du public après plus d’une heure de spectacle, Lauren Herley, Keaton Hentoff-Killian et Daniel O’Brien trahissent des signes d’épuisement, comme des danseurs qui ont paru flotter en exécutant un pas de deux mais qui sont essoufflés en le terminant.

What will have been, le titre en anglais – « ce qui aura été » est en quelque sorte l’annonce de ce que le public va voir. A sa conclusion, une autre version est laissée dans l’air : ce qui a été : What has been.

Un commentaire ? : denis.mahaffey@levase.fr

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